Créée en septembre 2015 par celui qui se fait appeler Tony M, elle propose des vidéos satiriques et caustiques, sur les élus, les évènements qui font l’actualité, qu’ils prennent un malin plaisir à défaire : « Je voulais dénoncer ce qui ne marche pas à Mayotte, et notre ras-le-bol de plein de choses comme la politique, la polygamie », répond sobrement le responsable de ces courts métrages qui, paraît-il, commencent à faire trembler les élus, « nous savons que nous ne pouvons pas plaire à tout le monde. » Tony M est assisté d’Alfred qui effectue les montages, un jeune de 17 ans en 2ème année de CAP Vente-service à la clientèle.
Ceux qui “disent tout haut ce que tout le monde pense tout bas”, ont déjà 10.000 fans sur leur page Facebook. Des vidéos tournées parfois en shimaore comme celle portant sur deux politiques locaux, parfois en français, sur le port de Longoni.
Rendre compatible la liberté de ton de Mafoumbouni avec la lutte contre les infections sexuellement transmissibles et notamment le VIH-sida, c’est le défi que se sont lancés les responsable de Nariké M’sada, Zily Amida et Moncef Mouhoudoir : « Nous avons été intéressés par leur facilité de parler de ce qui est tabou. Ils vont avoir la capacité d’évoquer les personnes qui voyagent dans d’autres pays en ayant des rapports non protégés », en clair de parler du tourisme sexuel, notamment vers Madagascar, en essayant de faire mouche.
« Nous sommes dans la prévention, eux dans la dénonciation »
Et le travail est énorme : Nariké M’sada boucle une enquête réalisée auprès de la population et des soignants, et les premiers retours sont édifiants : « Beaucoup d’habitants pensent qu’il faut mettre les porteurs du sida sur des ilots, les tuer ou les mettre dans des camps. ‘On ne peut pas leur serrer la main’, assurent certains ! » Il est donc urgent de communiquer autrement que par les standards nationaux, « en passant par l’humour, ça peut fonctionner… »
« On va voir comment TV Mafoumbouni s’approprie le sujet. Nous sommes dans la prévention, eux, dans la dénonciation », explique Moncef Mouhoudoir. Qui les accompagne à travers la convention basée sur le bénévolat, signée se jour, « pour veiller à l’exactitude de l’info véhiculée, comme la prise en charge médicale, tout le reste, c’est leur domaine. »
Les résultats de l’enquête seront publiés le 1er décembre, « le jour où sortira la vidéo. »
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte
Comments are closed.