Une salle d’audience interdite aux mineurs. La décision d’Ivan Guitz, le président de la Cour d’assises du Lot-et-Garonne (dans le sud-ouest de la métropole) a posé d’emblée l’ambiance très lourde qui sera celle du procès de Madi Mahaboudi, durant les 3 ou 4 jours d’audience.
Les débats vont être «douloureux à entendre» a expliqué le président à l’assistance et aux parties civiles qui bénéficient d’une traductrice en langue anglaise. Ces parties civiles, ce sont les enfants et les deux sœurs de la victime Violet Price, cette octogénaire dont le corps a été découvert dans un bois en avril 2015, terriblement mutilé. Les proches de cette britannique ont fait le déplacement et sont présents pour assister au procès d’un homme soupçonné d’actes absolument terrifiants.
A 9h15 ce mercredi matin dans le tribunal de Marmande, Madi Mahaboudi s’est installé dans le box des accusés. En détention provisoire depuis avril 2015, il est poursuivi pour «meurtre précédé, accompagné ou suivi d’un autre crime en récidive et viol en récidive».
Il découpe le corps
L’affaire remonte donc au printemps 2015. Violet Price avait l’habitude de se rendre à Eymet, dans le département voisin de la Dordogne, une à plusieurs fois par mois. Elle y faisait ses achats et s’arrêtait généralement boire un verre dans un pub où elle retrouvait généralement d’autres compatriotes anglais également installés dans la région. Elle regagnait ensuite son domicile de Moustier.
Ce samedi 11 avril 2015, c’est avec la belle-famille de son fils qu’elle partage son déjeuner. Au cours du repas, la femme est choquée par les propos de Madi Mahaboubi, le beau-frère de son fils, un Mahorais de 32 ans. Elle lui reproche sa grossièreté.
Rentrée chez elle quelques heures plus tard, quelqu’un frappe alors à sa porte. C’est Madi Mahaboudi. Ils partagent un café mais les événements vont très mal tourner. S’ensuit un déchaînement de violences.
Selon le rapport d’autopsie, l’octogénaire serait morte chez elle, étranglée, après avoir été agressée sexuellement. Madi Mahaboudi aurait ensuite placé le corps à l’avant de sa voiture et l’aurait transporté jusqu’à chez lui, à Tombeboeuf, à 20km du domicile de la victime. Là, il l’aurait découpée en plusieurs morceaux puis les aurait disséminés dans un bois.
Il reconnaît les faits
Dès le lendemain, le dimanche 12 avril, le fils de Violet Price signale sa disparition. Un important dispositif est mis en place avec la mobilisation d’une centaine de militaires, dont des plongeurs, plusieurs équipes cynophiles et un hélicoptère.
L’enquête «pour disparition inquiétante» progresse rapidement et elle est requalifiée en «enlèvement et séquestration». Trois jours après, Madi Mahaboudi est interpellé et placé en garde à vue. Il est confondu par son ADN sur une tasse de café et une mèche de cheveux collée sur la couette, dans la chambre de Violet Price. Rapidement, il reconnaît les faits et conduit les gendarmes dans le bois où sera retrouvé, en plusieurs endroits, le corps mutilé de l’octogénaire.
Mis en examen pour assassinat, le trentenaire est placé en détention provisoire. Il ne sortira de la prison que le 8 décembre 2015 pour participer à une reconstitution du crime. Le meurtrier présumé explique alors ce qu’il a fait du corps de la vieille femme. Mais il ne donne aucun détail sur l’agression sexuelle ni sur la strangulation. Il ne livre pas non plus d’explication à son geste.
De nombreux témoins et experts
«Il ne se souvient pas. Il dit qu’il était dans un autre monde, il avait bu et fumé du cannabis», justifie Me Isabelle Gillet, l’avocate de Mahi Mahaboubi, dans le colonnes du journal Sud-Ouest.
Ce mercredi matin, après avoir tiré au sort les jurés, la Cour d’Assises a plongé dans les détails terrifiants de l’affaire mais aussi dans la personnalité de Madi Mahaboudi. Issu d’une fratrie de 13 enfants, il a grandi à Mayotte et a indiqué à la barre avoir été «régulièrement frappé et attaché» par son père, des propos mis en doute par sa soeur appelée à témoigner quelques minutes après lui. Déscolarisé très tôt et accro au cannabis dès l’âge de 13 ans, il a déjà été condamné à 8 ans de prison en 2004 à Mayotte, pour l’homicide involontaire d’une jeune femme qui avait refusé ses avances.
Compte tenu du nombre importants de témoignages -une quinzaine- et de nombreuses interventions d’experts, le procès pourrait durer quatre jours et durer jusqu’à samedi, a fait savoir le président Guitz.
L’accusé encourt la réclusion criminelle à perpétuité.
RR
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