L’épine dans le pied du précédent directeur Mahamoud Azihary, le fameux agrément de défiscalisation qui n’est jamais venu, avait plombé la trésorerie de la société qui ne pouvait démarrer les constructions pour lesquelles elle avait commencé à investir. Et bien, il n’est plus nécessaire !… « C’est un changement de politique nationale », nous rassure-t-il, à moitié, « la SIM en a fait les frais comme les autres sociétés d’économie mixtes, sauf qu’ici nous étions en plein démarrage des programmations. Nous nous sommes retrouvés à court de trésorerie. »
Autres évolutions, l’une en lien direct, le changement des modes de financement de la défiscalisation au crédit d’impôts, et l’autre une clarification de la politique de l’Etat : « La DEAL a mis en place un process clair, les délais sont figés. D’autre part, les dossiers ne sont plus étudiés à Paris mais par la Direction des finances publiques ici à Mayotte, qui nous permet ensuite de solliciter la Caisse des Dépôts et Consignations. » Sous réserve de moyens humains, c’est effectivement plus rationnel.
Et la première opération à avoir bénéficié du crédit d’impôts, c’est « Tamarins les Bas », à Cavani. Le chantier a démarré en juillet dernier, « ce sont 20 logements en locatif très social (LLTS) ». Autre opérations qui se réveille de son stand-by, « les Jardins » à Pamandzi, 31 LLTS, 12 LLI (Logement à loyer intermédiaire) et un commerce, qui devrait être livré en octobre.
Des maires de plus en plus dynamiques
« Ce sont en tout 80 opérations, soit 277 logements qui seront mis en travaux d’ici mars 2017, essentiellement en locatif très social, et à la marge du locatif intermédiaire », explique Jean-Marc Chastagnol. Ce sont donc les faibles revenus qui sont visés.
L’accent avait été mis auparavant sur l’accession à la propriété, le mode de logement traditionnel ici. Mais les difficultés de foncier et de revenus avaient freiné les ardeurs. Sans compter la taxe foncière qui vient s’y greffer. Un chiffre encourageant malgré tout, « 100 dossiers ont reçu un avis favorable, en grande partie grâce à l’action des mairies qui nous épaulent. »
Des maires de plus en plus dynamiques selon lui, « ce qui nous permet de lancer par exemple à Combani la « Plaine des Makis », ou à Tsimkoura « Tsimkoura green ». Mais qui ont encore du mal à se dépêtrer avec leur foncier pour proposer de l’accession.
Ça coince toujours sur les prix des matériaux
La SIM s’est dotée d’un plan pluriannuel d’investissements jusqu’en 2020, qui lui permet d’envisager une moyenne de 400 logements en LLTS par an, « et d’injecter annuellement entre 80 et 100 millions d’euros. » Une annonce qui ne peut que rassurer le secteur du BTP, où les entreprises ont besoin de visibilité pour investir, et pour être plus souples du côté des prix. Ça coince encore sur ce terrain, selon le responsable.
Les 8 opérations sur Mamoudzou, des Tamarins les Bas à l’aménagement de la ZAC du Soleil Levant, représentent un investissement de 65,8 millions d’euros. Pour 5 d’entre elles, les entreprises sont déjà retenues, « pour les 3 autres, les appels d’offre seront lancés à la fin de ce mois de novembre. » Dix opérations sont lancées en étude pour des mises en chantier en 2017-18, pour un investissement de 57,6 millions d’euros.
Du gros chalet au petit immeuble
Sur chacun de ces chantiers, ce sont entre 15 et 17 entreprises qui ont été choisies, des gros comme GTA, et des PME comme BAMA Services.
Si la grue de Tamarins les Bas s’élève fièrement dans le ciel, c’est bien parce que le travail a été préparé en amont, « nous travaillions caché ! », plaisante Jean-Marc Chastagnol, qui évoque le travail sur les permis de construire durant l’année 2016, « et beaucoup d’opérations initiées par Mahamoud Azihary ont été mises en œuvre. »
Certains des logements ont un look de gros chalet, d’autres à Mamoudzou et Petite Terre atteindront les 4 étages. C’est le cas de la fameuse ZAC du Soleil levant dont on entend parler depuis presque 3 ans, une ville dans la ville puisqu’elle accueillera un groupe scolaire, un plateau sportif, des commerces, et qui va donc enfin sortir de terre.
Quand la SIM va, tout va aller un peu mieux.
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte
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