On avait connue Armamie Abdoul Wassion pourfendeuse de cabinet présidentiel, on la retrouve en justicière prolixe de motions à adopter, l’une portant sur le rétablissement de l’autorité départementale au port de Longoni, l’autre sur les économies à réaliser dans la gestion administrative du conseil départemental, ainsi qu’une proposition d’avis sur le projet d’ordonnance portant sur les espaces maritimes.
Sur le port de Longoni, elle revient sur les perturbations (motion-pour-la-reprise-apaisee-du-service-public-portuaire-conforme-a-la-dsp) liées à ce qu’elle appelle « les exigences capricieuse de la dirigeante de MCG ». Tout y passe, l’extension du gestionnaire vers l’activité d’aconage « non prévue dans la DSP », l’agrément de Manu Port, un matériel, RTG et grues, disproportionné…
Elle rappelle en conséquence que la continuité de service public doit être assuré par le délégataire MCG, que les tarifs d’outillage sont fixés par deux articles du code des ports maritimes qui les soumettent à l’approbation du département, et demande enfin que les élus votent l’application de pénalités de 2.500 euros par jour de retard.
En découlent 9 propositions, dont le rétablissement des tarifs valables avant la décision suspendue par le préfet, la participation inconditionnelle de MCG aux commissions de consultation, la libération par le même gestionnaire des marchandises bloquées au port, l’application de mises en demeure avec pénalités pour absence de continuité de service public, enfin, la remise en cause de la Délégation de service public pour le non respect de ces clauses.
Armamie resserre les boulons
Sur la gestion de la collectivité, l’élue se fait toute conciliante avec sa majorité, rappelant qu’une « importante réorganisation avait déjà eue lieu tout récemment, comprenant des réductions, des suppressions de postes affectant notamment les directions et certains chargés de mission. » L’Intersyndicale du CD était beaucoup plus critique sur ces points hier en AG.
Elle rappelle dan sa motion-pour-une-accentuation-des-economies-realisees-au-sein-du-departement cependant que la Cour des comptes a pointé « des dépenses de fonctionnement inutiles voire excessives ». Et en donne deux exemples : « les élus du département en déplacement dans le cadre de leurs fonctions voyagent de manière quasi systématique en classe de type ‘affaire’ », et l’utilisation abusive des véhicules de fonction, qui sont ramenés aux domiciles les soirs « et parfois même les weekends, augmentant d’autant les charges de carburant et d’entretien. »
L’un des véhicules a même été photographié devant l’école des Roussettes, un cadre, qui a donc les moyens de s’offrir une école privée, demandant régulièrement à son chauffeur d’y récupérer son fils…
Et pendant ce temps, le peuple souffre
Cela, alors que des entreprises titulaires de marchés publics se plaignent de retards de paiement « les obligeant à faire l’avance parfois onéreuse de leurs charges d’exploitation », que « les étudiants se plaignent de retards de plusieurs mois consécutifs dans le versement de leurs bourses », énumère Armamie Abdoul Wassion, une liste à laquelle on peut rajouter l’absence de savon et de produits d’hygiène dénoncé par les professionnels des PMI.
Le comble ayant été atteint pour elle par la gratuité de la barge pour les élus, alors « qu’une grande partie de la population vivant sous le seuil de pauvreté » s’acquitte du paiement.
Parmi ses 9 propositions, on retiendra donc le transport maritime payant pour les élus, et remboursé au tarif de la classe économique en avion, la prise en charge d’hôtel de niveau « Formule 1 », que les véhicules soient réservés exclusivement aux élus et restent stationnés au parking le soir, avec contrôle, notamment sur leur consommation de carburant.
Du pétrole, mais d’autres idées
Elle soumettra enfin en Séance plénière, une proposition d’avis du département sur la législation en matière d’espaces maritimes, en ayant examiné de prés le projet d’ordonnance « relatif aux espaces maritimes français » transmis par le gouvernement le 10 novembre, selon la procédure d’urgence. Il s’agit de la modernisation des dispositions de notre législation portant sur nos espaces maritimes.
L’élue met en garde sur les nombreuses spéculations autour de la présence éventuelle de ressources pétrolières aux alentours du département de Mayotte, et d’éventuels projets de forage, inhérents. Elle évoque « la nécessaire préservation de notre biodiversité », et notamment du lagon. Et propose donc de reprendre deux articles du projet d’ordonnance pour « durcir les conditions d’octroi des autorisations d’exploitation des ressources en mer ».
L’évolution de son combat sera-t-elle appréciée de tous les élus ? Rien n’est moins sûr, mais elle offre le visage de ce qu’on est en droit d’attendre d’une majorité au conseil départemental.
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte
Comments are closed.