Sur l’herbe, gisent 8 enfants, certains sont décédés, d’autres blessés, et appellent à l’aide. Un gendarme qui effectuait une ronde a également perdu la vie en essayant d’intervenir. Pour simuler ce drame, la préfecture avait choisi le siège de Matis, Vallée III à Longoni. C’est donc à 16h qu’un jeune de l’équipe mobile de sécurité qui se trouvait normalement devant le collège a appelé la gendarmerie et les pompiers.
« Nous testons la chaîne d’alerte en simulation réelle », commente Florence Ghilbert-Bézard, la directrice de cabinet du préfet. En effet, les pompiers sont arrivés 30 minutes après l’appel, les enfants ont eu le temps d’implorer leur maman plus d’une fois… Ils vont effectuer les premiers soins sans la présence des gendarmes : « Sur les scènes habituelles de catastrophe, les pompiers gèrent en direct avec le préfet. Mais en cas d’attentat comme aujourd’hui, c’est la gendarmerie qui doit prendre le commandement. Ils sont les seuls à pouvoir intervenir sur la zone rouge, la plus chaude, qui passe en orange lorsqu’ils sont présents, autorisant alors l’action des pompiers », explique la sous-préfète.
Le GIGN se déploie
Au loin, le bus pris en otage avec 17 enfants à bord, apprendra-t-on plus tard. Au bout de quelques minutes, le chauffeur est descendu. Le GIGN se déploie dans le silence aux abords de la zone à 17h25, échelle en main, les gendarmes mobiles contournent par la colline, pour prendre le bus en tenaille.
L’hélicoptère de la gendarmerie survole la zone, la directrice de cabinet installe un Poste de Commandement Opérationnel dans une des salles de classe, le préfet de son côté coordonne le Centre Opérationnel de Défense pour remonter les informations à Paris. Tous les élèves de l’île sont censés être confinés dans leurs établissements.
Un exercice sur mesure pour le GIGN
On ne connaît pas les revendications du terroristes, et ce n’est qu’à 18h15 que, mégaphone en main, le négociateur d’urgence noue le dialogue : « Que voulez-vous ? », « je vous sens en colère ! », en réponse, des noms d’oiseaux fusent. On saura que le preneur d’otages s’appelle Djawad. A ce moment, un des enfants tente de s’enfuir, il est descendu. L’hélicoptère de la gendarmerie se positionne, et éclaire avec son projecteur l’assaut du GIGN, il est 18h45.
« Dans l’exercice, 75 gendarmes auront été déployés, dont le GIGN, des gendarmes mobiles, le BTA de Mamoudzou, la section de recherche, le pilote d’hélicoptère et la brigade nautique », explique le colonel Philippe Leclercq, commandant de la gendarmerie de Mayotte. Une opération sur mesure pour que les gendarmes du GIGN se dérouillent les jambes, et travaillent sur une mise en situation.
Le tireur est neutralisé, 12 personnes sont décédées, dont trois adultes, le gendarme, le preneur d’otages et le chauffeur de bus. Le parquet est saisi, Philippe Léonardo le vice-procureur est sur place, une enquête est ouverte.
Un débrief était organisé dans la foulée, un premier Retex (Retour d’expérience), il y en aura un autre le 13 décembre à froid, « puis nous en tirerons les leçons pour organiser un deuxième exercice », conclut la directrice de cabinet.
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte
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