Ce sont deux enseignants, Sara Vassy et Jean Brosse, qui ont eu cette idée d’amener leurs élèves à venir fouetter la pâte à crêpe au sein des filières hôtellerie. Claire Hélène Lepy, enseignante de ATMFC, Assistant Technique en milieux familial et collectif, leur avait concocté une organisation sur mesure : « Chaque élève de ma section accompagne un à deux collégiens, pour leur expliquer la marche à suivre. »
La filière ATMFC permet à ceux qui la suivent d’exercer dans les services techniques de structures collectives publiques ou privées, comme les cantines scolaires, les établissements qui conçoivent leur repas sur place, comme le centre pénitentiaire de Majicavo, mais aussi comme agent d’entretien ou d’aide à la personne en préparation de repas, etc.
« Brian is in the kitchen »
« Rajoute un peu de lait ! », conseille Sandra, élève en ATMFC, à son apprenti Elizam qui n’arrive plus à tourner le fouet dans une pâte dont la consistance se rapproche à grand pas du ciment. Dans la zone fraiche, on pèse les carottes et les courgettes avant de s’attaquer à la confection d’une quiche aux légumes. Des entrées et des desserts qui seront consommés par les élèves à midi.
Une action qui prend place dans la réforme des collèges qui prévoit des Enseignements pratiques Interdisciplinaires (EPI), une dizaine d’heures dans l’année : « Nous avons choisi de travailler l’anglais, à travers le vocabulaire, et les SVT dans l’alimentation, dans le cadre du thème des EPI cette année en 5ème, ‘le corps humain et l’alimentation’ », expliquent les deux enseignants.
Ne plus étudier pas défaut
Qui reviennent sur le problème que pose une alimentation déséquilibrée, au surdosage de sucre malgré la loi Lurel, et une ordonnance qui a suivi, « On peut prendre comme exemple quotidien la PARS (collation du collège), qui n’est pas du tout équilibrée. Les cas de diabètes se multiplient sur Mayotte. Souvent leurs repas sont fait d’une pizza et de sodas le matin. »
Pour Fabien Vanucci, c’est une expérience pilote, mais qui demande une réorganisation du lycée, « nous avons bloqué notre faré pour les essais d’agent d’entretien, et la filière AMTFC. Mais de toute façon, notre lycée doit être un pôle d’information en apprentissage pour les jeunes. D’autre part, plus tôt les jeunes sont informés des métiers, mieux ils pourront s’orienter. Sinon, nous récupérons, comme c’est actuellement le cas, des jeunes qui sont là par défaut, qui n’ont pas véritablement choisi. »
Pendant ce temps, une élève tente de dompter la mono-brosse avec les mêmes difficultés qu’elle aurait eues avec un cheval… Le 3ème essai sera le bon.
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte
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