« Soutenons-le ! » Un collectif de soutien à Salim Nahouda, le secrétaire départemental de la CGT Ma, vient donc de se créer. Non pas en opposition au jugement, « Salim Nahouda doit répondre devant la justice », mais quand même un peu, mais car il s’agit de relayer la parole qu’ils estiment censurée, du syndicaliste. « Mayotte est le département français le plus inégalitaire. La Départementalisation génère des désillusions et un sentiment de trahison chez de nombreux mahorais ce qui augure à courte échéance, de graves tensions sociales et même politiques », annonce Ismaël Kordjee.
Sociales parce que « en réaction à la résurgence d’un système néo-colonialiste » dans la gestion des affaires publiques. Et politiques, parce que la « gouvernance économique locale est visée. » Le collectif est naissant, “mais nous sommes déjà nombreux”, assurent-ils.
Il s’agit d’apporter un soutien moral et financier à la décision de justice qui a valu à Salim Nahouda d’être condamné à verser 27.000 euros pour s’être exprimé sur une possible corruption lors de la passation de la DSP sur le port de Longoni.
Dire sans diffamer
A la tête du collectif, Ismaël et Cris Kordjee, épaulés ce jeudi par Ibrahim Dahalani, syndiqué à la CGT Ma, et salarié de la SMART. Il préfère annoncer sa présence en tant que citoyen, pour ne pas créer un lien absolu avec les tensions qui animent le port… Mais tout désigne les comportements de gestion discriminatoire à Mayotte, et, suivez leur regard : « On ne parlera pas de DSP ni de Daniel Zaïdani », soulignent-ils. C’est dit.
C’est au nom du combat pour l’égalité et contre les injustices qu’ils demandent à la population de participer pour un euro symbolique : « Nous voulons dire aux autorités que nous sommes conscients des injustices que subit le peuple mahorais, et que nous souhaiterions pouvoir le dire comme l’a fait Salim Nahouda. Il est condamné, mais quand un précédent directeur de la DEAL est pris la main dans le sac, il ne lui arrive rien ?! »
C’est donc un ras-le-bol contre les injustices que ne parvient pas à gommer notre justice qu’ils expriment. Un arrière goût de Mahamoud Azihary, « mais il ne fait pas partie de notre collectif », affirme Ismaël Kordjee, qui l’avait pourtant déjà défendu par le biais d’un collectif.
Cupidité, pouvoir et corruption
Car il s’agit de dénoncer le laisser aller en matière d’affairisme à Mayotte, celle d’« une poignée d’individus qui a la mainmise totale sur les secteurs stratégiques de l’économie de l’île, avec la complicité des pouvoirs publics et des élites politiques cupides et assoiffées de pouvoir, faisant apparaître au grand jour des suspicions de trafic d’influence », l’Entre soi cher à l’ancien directeur de la SIM. Un combat dans lequel beaucoup d’habitants de l’île, natifs ou non, peuvent se retrouver.
Mais la solidarité à Salim Nahouda est-elle le bon vecteur pour mener ce combat plus global en faveur d’une résistance ? Au risque d’inciter tout un chacun à s’exposer sur les ondes, sans preuve, et à tomber sous le coup de la diffamation ? « Les syndicalistes sont des hommes et des femmes responsables et qui connaissent leurs limites », affirme Cris Kordjee.
Un site a été créé pour abonder la cagnotte de soutien à Salim Nahouda. Le collectif aura un lendemain qui chante, envisage Ismaël Kordjee : « Nous comptons dans un premier temps aider Salim Nahouda pour ne pas risquer d’affaiblir sa parole syndicale, pas plus que celle de tout syndicaliste. Le message de notre précédent mouvement Bass Ivo a été brouillé, mais là, il faut s’attendre à une explosion sociale étant donné la saturation d’un pouvoir occulte qui retarde la généralisation de la devise ‘liberté-égalité-fraternité’. »
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte
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