Dans sa stratégie de proposer une orientation au développement de Mayotte, Soulaimana Noussoura, secrétaire départemental de la CFE-CGC, souhaite tirer un bilan du mouvement social de 2011.
Il était le premier, il y a quelques mois, à proposer un accord cadre pour l’île. Soulaimana Noussoura rédigeait un texte maladroit, mais qui avait le mérite de s’attaquer à une vision de court, moyen et long terme pour Mayotte. L’idée générale a ainsi été reprise par une quantité d’élus, et le 8 janvier, le ministre Victorin Lurel proposait en Conseil des ministres d’élaborer un document stratégique pour l’avenir de Mayotte.
Dans un courrier adressé au préfet de Mayotte, il émet le désir légitime de tirer un bilan des 44 jours de manifestations violentes qui ont touché l’île en 2011. Il les présente comme ayant été initiées par «les syndicats de Mayotte soutenus par leurs familles pour dire non».
Un non à la vie chère comme cela a toujours été présenté, «montée des prix de plus de 70% entre 2007 et 2011», mais aussi «à la non-intégration des natifs dans la gestion des affaires de l’île et notamment la fonction publique, l’économie locale». Par fonction publique, il entend bien sûr d’Etat, la territoriale étant assez bien représentée au Conseil général ou au Service des Transports Maritimes dont le fonctionnement reste chaotique.
Les 44 jours de manifestations ont débouché sur la signature d’un accord sur les prix de produits de première nécessité (…) et l’engagement de l’Etat d’une visibilité à travers la création d’un Observatoire des prix, des revenus et des marges. Des propositions qui portaient également «sur un soutien à l’initiative locale et à la production locale», «une évolution du droit du travail à travers l’extension des conventions collectives nationales», «une extension des prestations sociales» et sur «la multiplication des moyens de l’Etat sur la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes».
Selon lui, trois ans plus tard, le bilan n’est pas glorieux : «denrées de premières nécessité plus chères : carton de 10kg de mabawas (ailes de poulet) à 27 voire 29 euros au lieu de 20 euros», mais aussi une stagnation du nombre d’entreprises orientées vers la production locales, pas de réelle montée en charge des prestations sociales, peu d’évolution dans l’intégration des agents de la fonction publique des trois versants… «Seul le droit syndical a connu une réelle évolution». Ce qui lui permet vraisemblablement de poser le constat : «Cette difficulté de lecture de l’action engagée peut amener à la tension, aux révoltes et aux blocages».
La CFE CGC Mayotte demande alors au préfet, «afin d’éviter la montée inutile du thermomètre de la fièvre sociale, (…) l’organisation d’une réunion de bilan de l’action menée depuis 2011».
A.P-L.
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