«Cette année, nous avons reçu suffisamment de subventions pour organiser un véritable réveillon solidaire». Chrysthel Thouron, la secrétaire générale du Village d’Eva, était aux anges ce jeudi. L’association avait pris l’initiative d’une fête pour les enfants démunis en 2014, mais faute d’argent, elle n’avait malheureusement pas pu réitérer l’année dernière.
Conséquence peut-être du retentissement médiatique des fameux «décasages» de ces derniers temps, l’Etat et le Conseil départemental ont compris la nécessité de s’occuper plus activement des enfants non scolarisés de l’île, le cœur des actions du Village d’Eva. Ils ont en effet accordé à l’association des subventions respectivement de 10.000 et de 8.000 euros. Une aide conséquente qui a permis aux responsables de l’association, non seulement d’organiser ce réveillon solidaire pour les enfants, mais également d’agrandir la structure et d’engager une coordinatrice salariée.
Des personnalités et d’autres institutions ont également mis la main à la poche, à l’image d’Ida Nel qui a fait un don très généreux et du Rotary Club qui a organisé des collectes de jouets en magasins. «Le magasin JouéClub nous a fait des prix extrêmement intéressants sur les jouets et le restaurant marocain ‘Délices à Domicile’ a préparé le repas des enfants à prix coûtant», précise Chrysthel Thouron.
Danse, théâtre, chants et… Cadeaux !
Au sein de l’association, 12 bénévoles du service civique s’occupent quotidiennement des enfants. Ils pallient à l’absence de scolarisation en leur enseignant les bases des matières scolaires principales. Ils organisent également des activités plus ludiques autour du théâtre, de la danse et du chant. «Outre les connaissances que nous essayons de leur transmettre, nous essayons aussi d’apporter un peu de joie à ces enfants qui n’en ont guère dans leur quotidien», indique la secrétaire générale.
Au cours de la journée de ce jeudi, les enfants ont donc présenté les spectacles et chorégraphies mis en place pendant l’année avec les bénévoles. Puis à 16h30, la distribution des cadeaux a commencé, par classes d’âge afin que chaque enfant ait un cadeau adapté à son niveau de développement.
Sauver l’enfance sans faire de politique
«Au sein de l’association, nous ne faisons pas de politique», explique Chakila Yssouf, la nouvelle présidente du Village d’Eva, élue en octobre dernier par l’assemblée générale. «Nous considérons simplement qu’un enfant reste un enfant et qu’à ce titre, il bénéficie de droits fondamentaux, quelque soit son origine ou sa situation administrative», poursuit-elle. Le Village d’Eva apporte ainsi un soutien aux enfants issus de l’immigration clandestine en leur permettant notamment d’accéder à la scolarisation. «Il s’agit d’un droit fondamental pour tous les enfants», rappelle Chrysthel Thouron.
Cependant, les démarches administratives pour accéder à ce droit relèvent parfois d’un véritable parcours du combattant. Les parents ou tuteurs de ces enfants, qui maîtrisent mal le français, se découragent souvent avant la fin. Cest là qu’intervient le Village d’Eva en les guidant dans le labyrinthe des démarches et en palliant l’absence de scolarisation des enfants par sa fameuse «Ecole de la rue».
L’expression n’est pas usurpée puisqu’au départ, c’est véritablement dans la rue, sur une natte installée au sein du bidonville de Kawéni, que les bénévoles donnaient un semblant d’instruction à ces enfants perdus. Si cette manière de procéder subsiste toujours, le vice-rectorat a néanmoins mis à disposition certaines salles d’établissements scolaires les après-midis. Cela permet aux bénévoles de pouvoir transmettre des connaissances dans de meilleures conditions. «L’Ecole de la rue ne doit être qu’un passage. Notre but est que chaque enfant puisse être scolarisé à terme», concluent de concert Chrysthel Thouret et Chakila Yssouf.
Nora Godeau
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