C’est sans aucun doute une des affaires les plus surprenantes de ces dernières années dans l’océan Indien et elle pourrait encore connaître un nouveau rebondissement. Papa Sané, le gourou présumé de la ville de Saint-Louis pourrait ne pas être rejugé.
Il a été condamné en juin dernier à une peine de 16 mois de prison dont 8 mois avec sursis et une interdiction de séjour à La Réunion durant 3 ans pour abus de faiblesse. Cet homme, originaire du Sénégal, était à la tête d’un groupe mystico-religieux qui avait provoqué de nombreux troubles dans la petite ville réunionnaise. Dans sa maison vivaient en effet une quinzaine de jeunes femmes, dont des mineures, essentiellement originaires de Mayotte, que leur famille voulait extraire de l’endroit. Leurs proches craignaient en effet que ces jeunes femmes soient victimes d’une dérive sectaire, maintenues sous la coupe du «vénérable» sans avoir conscience d’être manipulées.
Durant plusieurs jours et soirées, en octobre 2015, les agissements de cet homme présenté comme un «gourou» avait indirectement occasionné des émeutes dans la ville, des mouvements provoqués par les membres de la communauté mahoraise en colère. Ils exigeaient la libération des jeunes femmes, alors que, de leur côté, elles expliquaient qu’elles maîtrisaient parfaitement leurs choix.
Expulsé la veille de son procès en appel
La tension avait atteint un tel niveau que la municipalité locale et l’autorité préfectorale étaient intervenues à maintes reprises pour tenter d’exfiltrer cette communauté hors de Saint-Louis. En vain. Alors qu’aucune dérive sectaire n’avait été évoquée par le parquet au début de l’affaire, une information judiciaire avait finalement été ouverte peu après le saccage de la maison du gourou présumé. Ce qui avait mené à la mise en examen de Papa Sané et de sa compagne, Farida Hassani, et leur condamnation en première instance le 2 juin dernier.
Un premier procès en appel devait se tenir en août mais, coup de théâtre: la veille de l’audience, l’homme est libéré de prison suite à un vice de procédure et aussitôt expulsé de La Réunion par la Police aux frontières. Il est mis dans un avion à destination de Paris d’où il doit rejoindre Dakar. Il refuse finalement d’embarquer et reste donc un temps en métropole, bien que dépourvu de tout titre de séjour.
Une demande de désistement
Finalement, la presse réunionnaise dévoile cette semaine que Papa Sané est bel et bien retourné dans son pays d’origine, le Sénégal. Mais s’il devait être rejugé en appel à la fin du mois à La Réunion, son avocat a annoncé que son client préfèrerait se désister de son procès. Papa Sané pourrait donc ne pas être rejugé.
La demande de désistement a été envoyée auprès de la cour d’appel de Saint-Denis. C’est désormais aux juges de décider si oui ou non ils accèdent à cette demande.
Trois «adeptes» au tribunal en février
Si le procès en appel de Papa Sané pourrait donc ne pas se tenir, on va tout de même reparler de lui rapidement. Le procès de trois de ses «adeptes» doit se tenir dans les semaines qui viennent. Elles doivent comparaître pour avoir organisé des manifestations sur la voie publique sans autorisation en octobre 2015. Elles s’étaient d’abord installées devant la gendarmerie de Saint-Louis pour protester contre le placement en garde-à-vue de Papa Sané, puis devant le tribunal de Grande instance de Saint-Pierre.
Elles risquent de la prison avec sursis pour «trouble à la tranquillité d’autrui par agressions sonores».
Après deux renvois, ce procès devrait donc finalement se tenir le mois prochain.
RR
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