«Le personnel de la PMI attend des mesures urgentes et concrètes». Mi-décembre, le collectif des sages-femmes des PMI prenait la presse à témoin sur l’état des structures qui assure un suivi des femmes et des enfants dans le département. Un mois après, «pas grand-chose n’a changé», nous indique un des membres de ce collectif.
Depuis maintenant 3 mois, les sages-femmes tentent de faire entendre ce qu’est leur quotidien et la multitude de problèmes auxquels elles sont confrontées. Dans un courrier adressé aux élus de Mayotte, à l’ARS et même au ministère de la santé, leur association présentait dès le mois d’octobre, dans le détail, les raisons de son mécontentement.
«De nombreux problèmes préexistants prennent beaucoup d’ampleur depuis plusieurs mois. Ils convergent maintenant et placent la population et les agents du département dans une situation déplorable», expliquait le document.
Des dotations d’urgence
«En premier lieu, c’est la rupture des stocks de produits d’hygiène et d’entretien sans oublier les matériels consommables, indispensables au bon fonctionnement de la PMI, qui mettent en péril la population, les agents et la crédibilité de notre structure de soin», dénonçaient les sages-femmes.
Fin décembre, certaines PMI ont finalement reçu des «petites dotations d’urgence», un peu des consommables qu’elles réclamaient. Ce fut ainsi le cas à Kawéni, mais pas à Koungou qui doit continuer à fonctionner dans des conditions inacceptables aux yeux des sages-femmes qui ont maintenu leur droit de retrait.
Et même les PMI qui ont été dotées, craignent d’être à nouveau dépourvu de ces produits de bases avant le 30 janvier.
Un mouvement pour la santé publique
«Nous ne menons pas un mouvement qui relève du militantisme», explique les membres du collectif. «C’est un mouvement pour la santé publique et pour que l’intérêt du public prime». Et alors que le mouvement a fortement perturbé le fonctionnement des PMI ces dernières semaines, les sages-femmes regrettent que les conséquences sont aujourd’hui perceptibles. «On retrouve aujourd’hui des patientes avec un manque de suivi important, en particulier concernant certaines pathologies comme le diabète ou l’hypertension. Le manque de suivi a un impact, c’est évident», soulignent les sages-femmes.
D’où l’importance du rendez-vous de jeudi. Le projet de service des PMI doit en effet leur être dévoilé: objectifs, organisation, priorités, moyens requis, c’est une feuille de route à court, moyen et long terme, validé par le département, qui devrait leur être présenté.
Un manque de personnel évident
«Jusqu’à présent, on a eu peu de choses et essentiellement des promesses. On nous promet des investissements à moyens et long terme. Est-ce que ces promesses vont être tenue ? En tout cas, à l’heure actuelle, nous n’avons pas vu de mesures pérennes pour nous permettre d’exercer dans des conditions décentes.»
Les sages-femmes espèrent que leurs revendications en matière de recrutements vont être prises en compte. Moins de 20 sages-femmes, cinq ou six médecins, une vingtaine d’infirmiers… Les PMI sont spectaculairement sous-dotées en personnel dans un département qui a battu son record du nombre de naissances en 2016, avec 9.514 bébés.
Fatigue morale des agents
«Le constat est simple: la PMI souffre d’un manque d’attractivité (notamment salarial vis-à-vis des autres structures de soin), d’un immobilisme marqué des services de recrutement qui nous renvoie le message de se complaire de cette situation, d’une fatigue morale des agents qui abrègent ou ne renouvellent pas leur engagement à la PMI ainsi que de l’absence de proposition de la part du département d’engagement dans la fonction publique territoriale, interdisant ainsi les perspective d’avenir à moyen et long terme des carrières des agents qui s’engagent à la PMI», indiquaient-elles en décembre.
Et pourtant, l’institution est un chaînon essentiel du système de santé à Mayotte. Les sages-femmes estiment que les 3 quarts des dépistages de grossesses dans notre département se font dans les PMI.
«De plus, les obligations du département envers la formation de ses agents ne sont plus remplies à la PMI depuis de nombreuses années. Enfin, ce sont les états des bâtiments de la PMI qui nous préoccupent. Manquement aux normes de sécurité incendie, grande vétusté, bâtiments inadaptés et dans certains cas insalubrité ne manquent pas de ternir la qualité de l’offre de soin.»
Le rendez-vous de jeudi est donc important pour la suite du mouvement: les ambitions renouvelées du département sur les dossiers sociaux passent aussi par la définition d’un cap et la mise à disposition de moyens nécessaire à un fonctionnement «normal» et digne des PMI de Mayotte.
RR
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