Voilà déjà deux ans que LESELAM, projet d’étude sur l’érosion des sols à Mayotte, a été lancé. Mis en place par le BRGM et ses partenaires (le CIRAD, l’IRSTEA, les Naturalistes et la CAPAM), les avancées de ce projet sont désormais accessibles via un site internet (www.leselam.com). Ses promoteurs espèrent ainsi faire prendre conscience des enjeux de ce problème environnemental à la population de l’île.
Mettre en place des outils de lutte contre l’érosion
LESELAM s’inscrit dans le cadre de la “Feuille de Route Erosion”, initiée par la DEAL en 2012. Celle-ci a pour objectif la compréhension et la quantification des phénomènes d’érosion, l’évolution des habitudes de la population pour ne pas aggraver le phénomène et la correction des zones à risques pour tenter d’inverser la tendance et restaurer de bonnes conditions.
LESELAM a donc été créé pour engager les acteurs dans une démarche collective. Celle-ci vise à définir et mettre en oeuvre un ensemble de pratiques techniques et organisationnelles de lutte contre l’érosion des sols. Le but final est d’arriver à une adéquation durable entre le développement de l’agriculture et de l’habitat rural, d’une part, et la qualité du milieu lagonaire, d’autre part.
Ce projet est financé par l’Europe (FEADER), l’état et la collectivité (CPER) et la dotation de service public du BRGM, du CIRAD et de l’IRSTEA.
L’érosion nuit à l’île dans de nombreux domaines
Si un projet d’étude aussi vaste a été mise en place par les spécialistes, c’est que l’érosion des sols est une catastrophe dont la majeure partie de la population ne mesure pas l’ampleur. Au niveau agricole, elle génère une stérilisation des sols et donc une baisse de la production. En milieu urbain, elle provoque une déstabilisation du bâti et des coulées de boue, ce qui a pour conséquence l’augmentation du coût d’entretien des infrastructures, mais également une détérioration des réseaux routiers, d’eau et d’assainissement.
Enfin, la pire peut-être de ses conséquences est l’envasement du lagon. Celle-ci a déjà commencé et pourrait mener, à terme, à une destruction des écosystèmes coralliens. Les scientifiques sont à l’heure actuelle en train de mesurer son état d’avancement qui n’a pas été encore clairement établi et fait toujours l’objet d’études. Outre les conséquences environnementales et agricoles, ce phénomène menace également le développement touristique, et donc économique de Mayotte.
Plusieurs avancées en 2016
Fin 2016, les deux observatoires de référence des bassins de Mtsamboro et de Dzoumogné sont installés et un troisième a été mis en place sur le bassin versant de Salim Bé, à Hajangoua. Ces observatoires permettent de quantifier l’érosion des zones de départ, qu’il s’agissent de padzas, de forêts, de zones cultivées ou de zones urbaines. Cette quantification se fait par le biais d’installations appelées ruissellomètres.
Des seuils de jaugeage permettant de mesurer le débit des cours d’eau, mais également la quantité de sédiments qui y transitent, ont également été installés sur les bassins versant. Ces derniers sont d’ailleurs équipés de plusieurs stations météorologiques pour mesurer la pluie, le vent, l’ensoleillement ainsi que l’évaporation.
Outre ce volet technique, le projet LESELAM mène de nombreuses actions de sensibilisation auprès de la population, afin qu’elle modifie certaines de ses habitudes de vie. Des ateliers avec des agriculteurs ont notamment été mis en place pour les sensibiliser aux enjeux de l’érosion. Le but est également de les persuader de l’intérêt de mettre en place d’autres pratiques, à la fois respecteuses de l’environnement et favorables à la productivité. L’érosion générant un appauvrissement des terrains, les agriculteurs mahorais ont en effet tout intérêt à modifier leurs techniques de production s’ils souhaitent voir augmenter, ou même seulement perdurer, leurs rendements.
NG
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