Le profane pouvait y entendre parler pour la 1ère fois de Trinôme académique, une convention entre l’Education nationale, la défense (le FAZSOI ici), et l’IHEDN, l’Institut des hautes Etudes de Défense nationale, de l’océan Indien dans notre zone. Il a été mis en place en 2006 à Mayotte, et est placé sous l’autorité du recteur.
C’est donc logiquement Nathalie Costantini qui introduisait la journée, dans un lycée de Kawéni qui avait fait faré comble, avec un auditoire essentiellement composé de réservistes et d’auditeurs de l’IHEDN, pour certains mahorais, d’enseignants, et bien sûr de militaires avec la présence du général Franck Reignier, commandant supérieur des Forces armées dans la zone sud de l’océan Indien, les FAZSOI.
« Le Trinôme académique permet de proposer aux personnels de l’Education nationale une formation dans la politique de défense globale et sécuritaire française ». Il s’agit d’une éducation à la défense auprès des jeunes, « des écoliers, des collégiens, des lycéens et des étudiants », expliquait la vice-recteur.
Adhésion de tous à la nation
Il ne s’agit pas de former de futurs militaires, mais d’ « expliquer la notion de ‘nation’, de ‘pays’, de ‘République’ », résumait Nathalie Costantini.
Bernard Salva, Administrateur en chef de 1ère classe des affaires maritimes, et président de l’association régionale de l’IHEDN de l’océan Indien, entrait dans les détails en rappelant que « la France était entrée en guerre contre le terrorisme à la suite des attentats de janvier 2015, qui ont fait depuis 238 morts et des centaines de blessés. Nous ne sommes à l’abri de nouvelles attaques, le pire est devant nous. »
C’est donc une situation de veille qui est demandée à chacun, mais cet « esprit de Défense », qui est « l’ADN de l’IHEDN », suppose « l’adhésion de nos concitoyens à la nation, le sentiment d’appartenance à une même communauté ».
« Qu’est ce qu’une nation ? »
Mais « Qu’est ce qu’une nation ? » avait interrogé Ernest Renan à la Sorbonne en 1882, comme le rappelle Bernard Salva : « C’est un passé commun, une volonté d’association, un consentement et un désir de vivre ensemble. » Tout un programme à enseigner à nos élèves, et à nuancer. L’existence d’un passé commun, suppose une histoire commune que n’avaient pas les civilisations successives (langues, cultures) qui ont peuplé et enrichi notre pays. Ne vaut-il pas mieux parler d’acceptation de valeurs issues d’un passé commun.
Quant à la situation actuelle, il ne pouvait que déplorer la chute du budget de la défense, « divisé par 2 en 30 ans », en face des menaces, « terroriste, de cyber attaque, de grande criminalité, de drogue… », et alors même que « le chef de l’Etat a prévenu ‘la guerre sera longue’. »
La situation régionale, à La Réunion comme à Mayotte, est problématique : « Des jeunes de mieux en mieux formés à l’école, mais avec de moins en moins de perspectives, au point où certains se demandent quand tout cela va exploser. »
Le Trinôme a un rôle à jouer, invitait-il, « pour qu’à l’issue du Séminaire, chacun soit un ambassadeur de l’esprit de Défense », et, pourrait-on rajouter, pour expliquer aux jeunes ce qu’est une République, et que la nation soit ressentie comme un lien et pas une exclusion, pour peu qu’on adhère à ses valeurs.
Le général Reignier développait ensuite les enjeux de la présence militaire française dans notre zone, sur lesquels nous reviendrons.
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte
Comments are closed.