La délégation de la Fédération Nationale des Ports et Docks de la CGT est arrivée à Mayotte, conviée par le secrétaire départemental CGT Salim Nahouda, sur le sujet de la Délégation de Service public (DSP) du port de Longoni. Composée du Secrétaire général adjoint, et des Secrétaires généraux CGT du Havre, de La Rochelle, de Marseille, de Rouen, de Bordeaux, de Saint-Nazaire, de Dunkerque. Tous des Grands Ports Maritimes, donc gérés par l’Etat.
Ils étaient sur les quais de Longoni ce lundi, ou plutôt dans les locaux de l’aconier SMART, « la gestionnaire Ida Nel n’ayant pas voulu que la rencontre avec les dockers se fasse dans l’enceinte du port », rapporte Salim Nahouda. La présidente de MCG n’a pas non plus souhaité rencontrer la délégation, prévue ce mardi.
Outre la rencontre avec la direction de la SMART, et ses salariés, les points forts de la journée furent les échanges avec les agents de Mayotte Channel Gateway (MCG), l’entreprise d’Ida Nel, et, plus tard, avec le préfet de Mayotte.
La Direction du travail sur le dossier
« Les salariés de MCG qui étaient auparavant agents de la Chambre de commerce, ils sont environ 80, ont rapporté qu’ils n’avaient toujours pas de contrats, ayant refusé la clause de partage de leur temps de travail avec la société SNIE d’Ida Nel. D’où leur difficulté de contracter des prêts bancaires », indique Salim Nahouda. Une information qu’il a découverte ce matin, « les gars de MCG ont peur de parler le reste du temps », soutient-il.
Sur le port, il se murmure que du matériel serait déjà en panne, notamment un RTG. En tout cas, l’intervention du directeur de la Direction du travail, également présent au même titre que le directeur des Affaires maritimes, a été salué : « Il nous a expliqué qu’Ida Nel ayant bénéficié de la défiscalisation, donc de l’argent public, notre formation d’agent de la SMART, était prise en charge gratuitement », rapporte Touleib Ahmed, Délégué CHSCT à la SMART.
Plusieurs contrôles émanant de la Direction du travail sont en cours, ont-ils appris, « sur la sécurité, et sur la répartition des activités entre la gestionnaire MCG et son entreprise de manutention Manu port », retrace Salim Nahouda.
Le coût d’une rupture
En préfecture, la délégation a reçu « une bonne écoute », rapporte Touleib Ahmed, qui nuance : « Le préfet a reconnu que la DSP était floue. Mais son Secrétaire général nous a expliqué les frais importants que coûterait l’annulation de la DSP. Nous lui avons répondu qu’avant d’investir, la gestionnaire aurait dû soumettre ses intentions au conseil départemental, propriétaire du port. »
La question qui s’est posée ce lundi, est donc le coût d’une rupture de la DSP de la part du Conseil départemental, qui sera vu demain. Que Salim Nahouda contre : « Laisser en état, coûte cher aussi, avec des tarifs que tout le monde doit supporter, et des salariés de la SMART qui sont inactifs, ayant perdu le contrat avec CMA CGM, et donc une société qui perd de l’argent et qui va devoir licencier. » ce sont 180 emplois qui sont en jeu.
On peut faire confiance aux dockers nationaux, en cas d’absence de décision rapide pour sauver les emplois, le rapport de force, ils connaissent : « Nous avons lancé un ultimatum. Si aucune décision n’est prise d’ici fin mars, il y aura un débrayage local, qui sera relayé en national. Nos collègues ont annoncé qu’ils bloqueront d’autres ports français », rapporte Touleib Ahmed.
La délégation rencontrera ce mardi le conseil départemental. La collectivité de Mayotte travaille actuellement sur un toilettage institutionnel qui permet notamment de faire évoluer Longoni vers un Grand Port Maritime.
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte
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