Le lundi 12 décembre 2016, Laurence Rossignol, ministre des Familles, de l’Enfance et des Droits des femmes, installait le Conseil national de la protection de l’enfance. Il répond à une demande forte des acteurs de la protection de l’enfance. « On a cherché une philosophie qui parte non pas des besoins de l’institution ou des droits des parents mais des besoins de l’enfant », a notamment indiqué la Ministre.
Le CNPE est annoncé comme l’instance de pilotage de la politique de protection de l’enfance, interministérielle et décentralisée. Mais pas suffisamment décentralisée au point d’intégrer les lointains Outre-mer apparemment. Le conseiller départemental Issa Issa Abdou, Chargé de l’Action social et de la Santé, est donc parti à Paris, « faire du lobbying », selon son propre terme, pour rappeler qu’il s’agissait d’une des problématiques fortes de Mayotte.
Protéger les enfants des rues d’un département français
« Bien sûr, l’ensemble des Outre-mer a réagi en demandant d’une seule voix d’intégrer cette instance. Mais je ne comprends pas pourquoi Ericka Bareigts, qui connaît le problème de Mayotte en particulier, ou l’Inspection générale des Affaires sociales qui nous a audités, n’ont pas défendu notre point de vue », rapporte l’élu agacé. Il a profité d’une réunion de l’Observatoire national de Protection de l’Enfance le 7 mars, pour rencontrer les conseillers de la ministre Laurence Rossignol.
Avec sa paire de Guyane, il a pu défendre les positions des deux territoires, « le décret qui définit les membres du CNPE va donc être modifié pour intégrer la conseillère guyanaise qui représentera l’Outre-mer ».
Mais Mayotte n’est pas la Guyane, « ils ne connaissent pas le phénomène d’enfants des rues là-bas. » Issa Abdou souhaite donc que Mayotte intègre à titre particulier cette instance de pilotage de la protection de l’enfance, « par le biais d’une saisine officielle des parlementaires et des élus de Mayotte. » Il avait déposé une motion en ce sens lors de la dernière plénière du département.
Intégrer le réseau de prise de décisions
C’était aussi l’occasion pour l’élu mahorais d’assister à la 1ère présentation du Plan ministériel de la lutte contre les violences faites aux enfants, « dans la même idée de ce qui est fait en matière de violences contre les femmes. » Là encore, il se dit « outré », n’y voyant qu’une gestion « parisienne » des problèmes, « centrée autour de la problématique réelle du syndrome du bébé secoué notamment, mais qui ne tient pas compte des Outre-mer. En métropole, ils ont au moins un toit, ce qui n’est pas le cas de tous nos enfants à Mayotte. »
On est bien loin du Plan Jeunesse, né à Mayotte de Caritas France-Secours Catholique, Auteuil et Médecin du Monde, et retenu par François Hollande en 2014 comme 10ème point de son programme pour Mayotte.
Son séjour a ancré Issa Abdou dans une certitude, « il faut être en permanence présent ou bien représenté par nos parlementaires à Paris, au moment où se prennent les décisions, pour rappeler à tous ces décideurs notre réalité. »
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte
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