De Tsoundzou à la Roumanie. Archad Soulé Issa part ce jeudi pour Bucarest via Paris. Le jeune homme âgé de 23 ans est le premier Mahorais à décrocher une mission dans le cadre du service volontaire européen (SVE). «Jusqu’à présent, on a des jeunes qui sont venus chercher des informations ou qui ont essuyé des refus. C’est la première fois qu’un Mahorais peut partir en SVE, on est très contents», explique Anli Darouèche, animateur informateur jeunesse au service mobilité du centre d’information jeunesse (CRIJ) de Mayotte.
La mission d’Archad va durer 4 mois, répartie entre deux villes à environ 150km au nord-est de la capitale roumaine. Il y travaillera dans deux écoles. Dans la première, il appuiera les équipes qui s’occupent de jeunes de 4 à 18 ans avec des besoins spécifiques liés à différents handicaps sensoriels et cognitifs. Dans la seconde, il s’engagera avec des 6-18 ans qui font face à des difficultés sociales, économiques et d’éducation. Il travaillera en particulier avec des enfants Roms.
«J’ai choisi le SVE pour acquérir de nouvelles expériences professionnelles internationales dans l’animation, mais aussi acquérir d’autres compétences linguistiques, partager et découvrir d’autres cultures que la mienne, donner mon temps et mettre mon savoir aux services des enfants en difficulté», explique Archad.
Un dispositif européen
Le service volontaire européen (SVE) est une action phare du volet Jeunesse du programme européen Erasmus+ pour promouvoir une mobilité européenne fondée sur des valeurs de citoyenneté, de dialogue interculturel et interreligieux et de tolérance. Il offre aux 17-30 ans l’opportunité de vivre une expérience de mobilité et d’engagement dans un autre pays, dans des missions d’intérêt général de 2 à 12 mois, en animation socioculturelle, protection de l’environnement, aide aux personnes en difficultés, sport, médias et information des jeunes… etc.
«Concrètement, un site internet répertorie toutes les offres de missions en SVE déposées par les structures. Les jeunes se connectent sur cette base de données européenne et quand ils sont intéressés, ils doivent envoyer un CV et une lettre de motivation en anglais. S’ils sont retenus, ils passent un entretien par Skype… Et ensuite, ils attendent la réponse», précise Anli Darouèche.
Archad a ainsi répondu à l’offre déposée par l’association roumaine «Voluntariat PentruViata» qui tente de répondre aux besoins des personnes défavorisées, en leur offrant de l’aide et un soutien, en respectant leur dignité.
Le CRIJ épaule les jeunes
A Mayotte, c’est le CRIJ qui pilote l’opération. Il accompagne les jeunes dans leurs recherches et dans la préparation de leur candidature. Aucun niveau de langue, de diplôme ou de formation n’est requis pour participer au SVE. Il suffit de coller aux profils recherchés par la structure qui dépose l’offre. «Archad a tout de même de bonnes compétences en anglais et en arabe, en plus évidemment du français et du shimaoré», relève Anli Darouèche.
Comme pour tous les jeunes en SVE, le voyage d’Archad est pris en charge. Il bénéficiera aussi d’une aide financière pour les transports, l’hébergement et la nourriture, d’un soutien linguistique, d’une assurance et d’un peu d’argent de poche même si ces missions ne sont pas rémunérées. Il sera également suivi par un tuteur et si tout se passe bien, il recevra, à la fin de sa mission un certificat «Youthpass».
«Mon projet, c’est de rechercher un emploi dans le domaine de l’animation et selon les opportunités qui vont s’ouvrir et pourquoi pas aussi me former d’avantage», précise Archad.
Archad, le pionnier
Le SVE a 20 ans et le CRIJ espère qu’après cette première mission décrochée par un jeune Mahorais, d’autres vont suivre. «Nous avons d’autres candidatures déposées et qui sont en attente. Mais beaucoup de jeunes viennent chercher des informations et n’osent pas sauter le pas et aller au bout. Grâce à Archad, on espère que beaucoup d’autres vont se lancer dans l’aventure», explique Anli Darouèche.
«Le CRIJ en accord avec la DJSCS de Mayotte met tout en œuvre pour que les jeunes Mahorais se considèrent profondément Mahorais et réalisent au bout du compte leur chance d’appartenir à une communauté européenne où les opportunités de s’élever culturellement, intellectuellement et socialement sont plus fortes que tout le reste». L’expérience d’Archad suscitera, on l’espère, de nombreuses envies de découvertes et d’engagement.
RR
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