Pourquoi le tourisme n’arrive pas à prendre son essor à Mayotte? C’est la question à laquelle ont tenté de répondre les responsables du CDTM, mais également les élus présents ce jeudi matin à l’hémicycle Younoussa Bamana pour un séminaire sur le tourisme.
L’île ne manque pourtant pas d’attraits. Possédant l’un des plus beaux lagons du monde, Mayotte est également dotée d’une faune et d’une flore terrestre abondante, ainsi que d’une culture traditionnelle unique et encore relativement préservée. Des atouts qui devraient logiquement faire attirer bien plus que les 50.000 touristes par an qui viennent la visiter. D’autant qu’un grand nombre d’entre eux ne viennent bien souvent que parce qu’ils ont de la famille ou des amis sur l’île, le fameux «routisme affinitaire». Le “vrai touriste”, qui ne vient que dans le but de profiter des charmes de l’île, est quant à lui extrêmement rare à Mayotte!
“Le Mahorais n’a pas encore compris à l’heure actuelle l’intérêt de développer le tourisme”, assène Michel Madi, du CDTM, dès l’ouverture du séminaire. Un point de vue partagé par le député Ibrahim Aboubacar, qui a déclaré que “le tourisme ne peut se développer que si on se l’approprie”. Or les quelques professionnels du tourisme, ainsi que les élus présents au séminaire ce jeudi matin, ont presque tous fait un constat accablant: il y a un manque flagrant de volonté politique de développer le tourisme à Mayotte…
Manque d’hébergement
Ce manque d’intérêt se reflète dans l’absence cruelle d’infrastructures capables d’accueillir des touristes. Seules 44 structures d’hébergement comprenant en tout et pour tout 1.032 lits sont présentes sur l’île. Le faible nombre de structures de loisirs est également flagrant. Pour le maire de Tsingoni, présent au séminaire, ces manques ne sont dus ni à une absence de foncier, ni à une absence de financement, mais bien à un manque de volonté de l’Etat de faire bouger les choses. “Quand je vois le temps que mettent les appels à projet à sortir, je me pose des questions”, déplore-t-il. “Dans la commune de Tsingoni, nous avons le projet de développer un golf, qui pourrait créer près de 500 emplois. Nous avons besoin de 50 ha de terrain pour réaliser notre projet et les terrains sont là ! Mais le Département est-il prêt à nous les céder ? Rien n’est moins sûr…”
L’un des autres freins au tourisme évoqué est celui naturellement du prix du billet d’avion, encore bien trop excessif, surtout comparé à celui d’autres destinations possédant des atouts touristiques comparables.
Mayotte souffre en outre d’un sérieux problème d’image et depuis les évènements de 2008 cette image n’a cessé de se dégrader. L’explosion de la délinquance et de l’immigration clandestine, largement relayés par les médias nationaux, y ont fortement contribué.
Objectif : 120.000 touristes
A ces carences vient s’ajouter un manque de formation du personnel travaillant dans ce secteur, mais aussi un manque d’habitude de la part de la population mahoraise de recevoir des touristes. “Il faudrait sensibiliser les villageois à la manière d’accueillir des touristes”, déclare Michel Madi, “leur expliquer qu’il faut se montrer aimable et répondre aux questions qu’ils posent. Des choses très simples, mais qui font encore souvent défaut à Mayotte à l’heure actuelle”, déplore-t-il. Ce manque de conscience de la population quant à l’importance du tourisme pour leur île est selon lui un frein majeur au développement de ce secteur.
En bref, Mayotte manque de projets structurant l’offre touristique et souffre de nombreuses carences qui l’empêche de mettre ses atouts, pourtant nombreux, en valeur. Sans un développement drastique de ses infrastructures et une prise de conscience des politiques comme de la population de l’île, le tourisme a peu de chance de se dynamiser dans les années à venir et d’atteindre les 120 à 150.000 touristes par an visés par le plan de développement du tourisme créé par le CDTM.
NG
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