A Mayotte comme dans l’ensemble du territoire national, le tarif de la consultation classique chez le médecin généraliste a augmenté lundi dernier. Elle est passée de 23 à 25 euros et à 30 euros pour les enfants de moins de 6 ans.
Cette revalorisation était attendue par les médecins libéraux dont le syndicat a signé une convention en août 2016 avec la Caisse nationale d’assurance maladie (CNAM). Six mois de négociations avaient été nécessaires pour aboutir à ce tarif et d’autres augmentations sont à venir jusqu’en juin 2018, essentiellement sur des consultations plus ciblées.
Pour tous ceux qui sont affiliés à la sécu et qui dispose d’une complémentaire, rien ne change. La sécurité sociale continue de prendre en charge 70% du nouveau tarif, les mutuelles et les complémentaires complétant. Seule la participation forfaitaire de 1 euro reste à la charge du patient.
Mais pour tous ceux qui n’ont pas de mutuelles, comme de nombreux Mahorais, il faudra débourser 0,60 euro supplémentaire à chaque consultation soit 7,50 euros de reste à charge au lieu de 6,90 euros.
L’ensemble de la presse nationale a relevé que cette augmentation intervient entre les deux tours de l’élection présidentielle, à la fin d’un mandat marqué par de nombreuses tensions entre les médecins libéraux et Marisol Touraine, la ministre de la Santé du quinquennat. Principal motif de grogne, la mise en place du tiers payant obligatoire, une mesure que les deux finalistes de cette élection ne se sont finalement engagés à mettre en place que sur la base du volontariat.
Pas de mesures contre les déserts médicaux
Cette fin de mandat rappelle étonnamment celui de Nicolas Sarkozy qui avait affronté lui aussi la colère des médecins. Son gouvernement avait renoncé à mettre en place des mesures contraignantes pour lutter contre les déserts médicaux… un recul qui, six ans après, continue de peser dans les zones où très peu de médecins sont présents, en métropole mais aussi à Mayotte.
Car chez nous, malgré cette revalorisation, rien ne change, ou si peu. «On est toujours dans le désert», regrette Anne-Marie de Montera, la représentante de l’Ordre des médecins à Mayotte. «On compte 13 médecins généralistes libéraux et les arrivées ne font que compenser les départs. Cette année, deux médecins sont partis, un s’est installé et un autre devrait arriver en septembre. Et du côté des spécialistes libéraux, ça ne bouge pas».
Une attractivité toujours en berne
La médecine libérale est donc toujours aussi peu attractive dans le département, face à un hôpital submergé. «Je ne pense pas que ces 25 euros changent quoi que ce soit à Mayotte. Il faudrait déjà que les libéraux puissent bénéficier de mesures qui existent par exemple à La Réunion et en Guyane», relève Anne-Marie de Montera. Chez nos voisins, une zone franche a en effet attiré beaucoup de professionnels à Sainte-Clotilde où ils bénéficient d’avantages fiscaux conséquents. Même chose à Saint-Laurent du Maroni, dans l’ouest guyanais.
«Mais les problèmes ont encore importants. Nous n’avons toujours pas la CMUC qui permettrait un égal accès aux soins pour tous. Il y en a pour qui le tiers payant représente une somme non négligeable qu’ils ne peuvent pas débourser», note Anne-Marie de Montera. «A quoi s’ajoutent bien évidemment les questions de sécurité, d’éducation pour les enfants, de vie sociale… On est toujours dans des problèmes multifactoriels qui dépassent très largement les questions médicales, même si elles doivent aussi être prises en compte».
Le désert tropical
On ne connaît pas les chiffres réactualisés pour 2017, mais l’ARS indiquait qu’en 2016, 225 médecins travaillaient dans notre département, dont 95 spécialistes (hors remplaçants), l’essentiel d’entre eux étant salariés du CHM.
D’une année sur l’autre, le nombre de médecins a augmenté légèrement (+8%) avec 7 généralistes et 10 spécialistes supplémentaires, permettant à la densité médicale de progresser, elle aussi, modérément. Mayotte comptait 61 généralistes pour 100.000 habitants en 2016, encore très loin de la métropole (143/100.000 habitants) et de La Réunion (141/100.000 habitants). Mais l’an dernier nous n’étions qu’à 58.
Même progression et même retard concernant les spécialistes avec 45 professionnels pour 100.000 habitants (contre 40 en 2015 mais 176 en métropole et 145 à La Réunion).
RR
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