Un article de LNDM reprochait à Thierry Galarme, président du Medef, de Medetram, d’Action logement et directeur de Luvi, un mélange des genres entre ces structures. A la lecture de l’article, pas de détournements majeurs, mais les plaquettes de l’une, Medetram (Médecine du travail de Mayotte), qui seraient réalisées par son agence de pub Luvi. Dont une salariée partagerait son temps avec une autre structure présidée par Thierry Galarme, « Action logement » (Solendi, collecteur du 1% logement), et le Medef, « qui paie donc ces salariés à mi-temps d’un côté ou de l’autre ? », interroge Denis Hermann.
Etant donné les fonctions occupées par Thierry Galarme, qui est également vice-président de la Fedom, des réactions en chaîne étaient prévisibles. Elles n’ont pas tardé du côté de l’ancien président du Medef, Michel Taillefer. Dans une lettre ouverte qui lui est adressée, il demande la tête de Thierry Galarme sur son poste de président de Medetram : « Lors de votre élection à la tête du Medef de Mayotte, je vous avais conseillé de ne pas garder la présidence de Medetram et j’avais raison (…) Vous n’avez jamais tenu compte de mises en garde et en particulier contre l’éventuelle tentation de favoriser pécuniairement vos affaires au détriment de l’intérêt général »
Certains éléments sont au conditionnel, d’autres non. Ce qui semble vérifié, c’est l’absence de tenue des conseils d’administration de Medetram, « depuis 2 ans » accuse Michel Taillefer : « Vous avez été élu président du Medef en Janvier 2015, nous faisions nos AG en janvier. Celle de 2015 a été faite en novembre 2016, sans qu’il ait un récapitulatif détaillé de TOUTES les dépenses engagées ( la liste de chaque dépense, le bénéficiaire et le montant ). Quand avez-vous prévu celle de 2016 ? »
Clarté demandée aux niveaux des finances
L’ancien président du Medef demande en conséquence à l’actuel, de prendre 3 dispositions : « Réunir dans les plus brefs délais, avec les écritures comptables à jour, les entreprises de plus de 20 salariés qui ont cotisé à Solendi. Nous voulons élire un jeune président. Convoquer l’AG annuelle du Medef, et démissionner du poste de Medetram « dès réception de la présente ou de convoquer sans délai l’AG pour que nous puissions vérifier la teneur de l’article de LNDM. »
Thierry Galarme, que nous avons contacté, se défend d’avoir confondu les activités : « La gouvernance d’’Action logement » (Solendi) est parisienne, je ne suis que président d’honneur, et n’ai aucun pouvoir de décision. Les comités locaux n’ont qu’un rôle consultatif ».
Au Medef, il évoque une gestion presque aussi encadrée, tout au moins sur les dépenses supérieures à 1.500 euros, « elles doivent être validées par un bureau de 4 personnes.
Quant à Medetram, en piètre état quand il l’a repris en 2012 a-t-il toujours expliqué puisque les salaires ne pouvaient plus être payés, sa gestion fut chaotique, « le directeur ayant eu un grave accident de santé, a du être remplacé. Les comptes seront présentés lors d’un conseil d’administration le 14 juin. » Un des administrateurs nous informe que malgré le doublement des cotisations, les dettes n’auraient pas été absorbées.
Cabale ou laxisme ?
Quant à la DRH, elle bénéficie d’une voiture de fonction qu’elle utilise également pour son poste de directrice d’une entreprise d’évènementiel. Thierry Galarme s’est exprimé à ce sujet chez notre confrère, et nous explique qu’il a contacté une avocate du droit du travail lorsqu’il a eu connaissance des faits. « Je la revois le 12 mai. »
S’il reconnaît donc certains faits, il évoque néanmoins une cabale, « c’est un putsch de plus de Michel Taillefer », accuse-t-il, « mais je ne démissionnerai d’aucun mandat. De toute manière, ils arrivent tous à terme le 31 décembre. » Carla Baltus s’est proposée pour prendre la présidence du Medef à la fin de son mandat.
Les raisons pourraient être liées à plusieurs de ses engagements, glisse-t-il, « mon combat pour la zone franche qui ne plaît pas à tout le monde, mes positions au port de Longoni, mon soutien à Macron dans ce monde de chefs d’entreprises. »
Une cabale contre laquelle il ne veut pas recourir à la justice malgré tout, « je ne compte pas déposer plainte pour diffamation, je serai jugé par mes adhérents. »
Les adhérents justement, et surtout les administrateurs de Medetram, demandent davantage de clarté : « Notre responsabilité est engagée », nous explique l’un d’eux, « Thierry doit apporter les preuves qui démentent ces allégations, et réunir rapidement tout le monde comme on le lui demande depuis quelques mois. » La date du conseil d’administration en juin leur semble trop lointaine.
Même impression de flou lorsqu’on interroge un membre du Medef : « Nous percevons 100.000 euros de cotisations, mais sans avoir de liste d’adhérents. Et les bilans n’ont pas été déposés. »
Thierry Galarme ne veut être jugé que par ses adhérents qui de leur côté attendent des clarifications.
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte
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