S’il n’a pas la saveur printanière des journées qui se réchauffent en métropole, le mois de mai commence à fleurer bon la fin d’année scolaire. C’est le moment pour les établissements scolaires d’évaluer leurs troupes et de compter leurs effectifs. A Mayotte, au vu de l’affluence, ces préoccupations deviennent un véritable cauchemar.
La mairie de Koungou a bloqué ses compteurs sur 1.900 élèves supplémentaires en maternelle et primaire. « Nous avons arrêté de prendre de nouvelles inscriptions depuis le 1er mars, explique Mounirou Ahmed Boinahery, DGS par interim, mais nous savons qu’à la rentrée, il y aura de nouveaux arrivants. »
La bête division par 30 élèves par classe conclut à 63 salles de classe supplémentaires pour accueillir ce boom répétitif. « Nous allons augmenter les effectifs d’élèves par classe, mais même comme ça, on ne sait pas comment on va s’en sortir ! »
Pas de nouvelles classes
Car cette année, aucune école ni classe n’est sortie de terre, « le financement de l’Etat devait être alloué à l’école Koungou Maraîcher, derrière la place de La Poste, mais le marché a été annulé à la suite de la mort du SMIAM. Il a fallu retransférer le dossier à la commune, l’Etat, à travers la DEAL, en étant le maître d’ouvrage. » Les offres sont en cours d’analyse pour attribution du marché. Elle permettra de compter sur 26 classes supplémentaires l’année prochaine.
Beaucoup ont été rénovées par contre, « six groupes scolaires en tout, qui étaient utilisés, mais dans un état pitoyable, Koropa 1, Koropa 2, et en élémentaire, Trévani, Kangani, Longoni et Majicavo Lamir. »
Alors que 4 groupes scolaires sur les 16 que compte la commune de Koungou, avaient adopté les rythmes scolaires, Mounirou Ahmed désespère de pouvoir les poursuivre.
Grand écart d’âge
« Les écoles vont être surchargées. Au risque de passer pour des racistes, nous ne prendrons plus que des nouveaux élèves ayant déjà été scolarisés à la rentrée. Parce qu’on va nous présenter des enfants de 7 ans, qui en ont en réalité 11 ou 12, comment les intégrer dans des classes d’âges qui respectent les critères nationaux sans les déstabiliser ? »
Il met en avant la qualité de l’enseignement, « elle s’en ressent forcément. On va arriver à un point où personne ne pourra suivre une scolarité digne de ce nom, et on cherchera des boucs émissaires. »
Une situation qui va se dupliquer comme d’habitude aux 17 communes avec plus ou moins d’envergure. Outre le financement des établissements scolaires élémentaires doublé à 20 millions d’euros par le gouvernement sortant, il faut se poser la question d’organiser une scolarisation des nouveaux arrivants qui leur soit adaptée, sans perturber celle qui est en cours.
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte
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