Pour sa première nuit des Musées, l’année dernière, le MuMa nous avait proposé spectacle d’ombres et lumière, les portraits de ceux qui ont fait Mayotte, et qui s’affichent toujours en façade. Cette année, une toile était dressée à côté de la Place de France, bloquée à la circulation.
Derrière, des élèves de la classe de CE2 de l’école primaire de Bandrélé de Cavani, qui présentaient « Le Bao sacré », l’histoire, d’un enfant élu, chargé de relever une société où les valeurs ont été perdues, « faut-il les récupérer dans la poubelle ? », interrogera-t-il son grand-père. Toute ressemblance avec une situation connue est évidemment recommandée, et les enfants vont choisir trois sujets ou objets déposés au musée, pour reconstruire cette unité perdue : le cachalot, le bao, planchette d’écriture dans les madrassas, et un pot en terre.
L’idée des ombres chinoises était une trouvaille, le profil des enfants donnait un petit air de Kirikou qui aurait mérité d’être creusé, dommage que le spectacle ait manqué de clarté par manque de temps de préparation. Il faut dire que comme l’avait expliqué l’élue représentant le conseil départemental en matinée, le département n’a pas épaulé les organisateurs pour cette soirée peu habituelle pourtant. Un nouveau rendez-vous manqué. Les enfants se sont en tout cas donnés à fond pour faire passer à tous un agréable moment au cœur d’une nuit qui s’annonçait encore tiède.
Manque d’éclairage
En profiter pour revisiter les salles du musée en nocturne, permettait de retrouver dans la 1ère salle le squelette du cachalot, emblème du lagon, échoué un jour au nord de Mayotte, et resté 20 ans dans la cour de la DAAF, dans celle du Shioni, (lieu du Livre), ces écoles de madrassas où l’écriture arabe est utilisée pour écrire le shimaore à partir d’un encre récupérée au dos des marmites posée sur le feu de bois.
L’ensemble manque de panneaux explicatifs lorsqu’un guide comme Ben Saïd Abdoulkarim, en chargé du MuMa, n’est pas là pour nous éclairer. La salle des 10 pratiques culturelles locales est ainsi peu accessible sans les avoir énuméré, de la confection du collier du marié, à celle de la poterie traditionnelle en passant par les différentes utilisations du coco.
Le Grand mariage, une empreinte encore forte à Mayotte
Deux nouvelles salles sont proposées, mettant en évidence là aussi deux aspects forts de la culture à Mayotte. Le manzaraka, le grand mariage, avec son lit traditionnel en bois et son sommier en fibre de coco, le tout recouvert d’un drap en coton et ses broderies patakufe.
Les autres nouveautés tournent autour des festivités : le djoho, emblème d’une tradition artisanale d’excellence, est aussi le symbole d’une manière d’être en société et de l’importance de l’apparat masculin dans les cérémonies et les fêtes (marengwe) qui scandent la vie quotidienne.
Le mdsinzano, autant qu’un masque qui orne le visage de la femme, a des fonctions thérapeutiques, esthétiques et symboliques que l’on ignore souvent. Intérieur et extérieur, intime et public, quotidien et festif, les rôles respectifs et les lieux de la femme et de l’homme dans la culture mahoraise sont mis en valeur dans une scénographie moderne, avec des mannequins conçus par l’équipe du musée.
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte
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