Plus de 10 ans que Mayotte attendait ça. L’EPFAM doit donner une impulsion au développement urbain et agricole du territoire. Face au blocage du foncier, les indivisions, les habitats illégaux, il fallait un chef d’orchestre. Comme le décrit Jacques Touchefeu, son président, le rôle de l’EPFAM est simple sur le papier : « Nous achetons les terrains, nous les équipons de réseaux, puis nous les revendons aux promoteurs comme la SIM, ou aux maîtres d’ouvrage en équipements publics, comme les établissements scolaires ou les Stations d’épuration. »
Mais dans la vraie vie mahoraise, ça se complique. En une mimique, on comprend qu’il a cerné la problématique de l’habitat indigne et illégal qu’il qualifie pudiquement de« grande ampleur », comparé aux autres territoires : « C’est stimulant, exaltant même, car les logiciels classiques de l’aménagement sont à retravailler différemment ici en cherchant de nouvelles solutions. »
12 ans de travail sur les ZPG
Aucune stratégie n’a encore été définie, le martiniquais Yves-Michel Daunar, nommé directeur, s’est posé en observateur depuis le mois de novembre dernier. C’est un ancien du ministère de l’Equipement, et a travaillé pendant 12 ans comme DGS de l’Agence des 50 Pas géométriques en Martinique.
Le « A » d’Aménagement est fondamental pour l’EPFAM, puisqu’il n’interviendra que sur les terrains ciblés par des projets : « Nous n’achèterons que du foncier utile, et en fonction des besoins des opérateurs, urbains ou agricoles. » En cas d’obstacle, c’est à dire quasiment sur tous les dossiers, une tractation à l’amiable sera proposée, « sinon nous utiliserons l’expropriation », comme cela vient d’être décidé pour la 3ème retenue collinaire d’Ouroveni.
L’EPFAM ne se pose pas seulement en facilitateur, il accompagne aussi, « nous apportons une expertise, avec la mise en place d’une ingénierie foncière en cas de complication. »
Terrains gratuits pour les agriculteurs
Quant au contexte particulier de la Zone des 50 Pas géométriques (ZPG), le directeur explique qu’il travaillera sur la base de la loi du 23 juin 2011, dites loi Letchimy, « qui tient compte de l’occupation informelle, et de sa reconnaissance. » Et sur ce sujet aussi, il ne travaillera qu’en cas d’opération d’aménagement ou de transfert.
Une bonne nouvelle, les terrains de l’Etat prévus pour une exploitation agricole feront l’objet d’une « dotation gratuite ». Un geste fort à destination du développement de l’agriculture. Les populations résidant sur place seront relogées.
Le conseil d’administration de l’EPFAM se réunissait ce jeudi après-midi pour la 1ère fois, en présence de ses trois membres : Etat, Département et collectivités, « chacun a son propre niveau de responsabilité ».
Le budget devait encore être approuvé et co-signé par trois ministères, de l’Urbanisme, des Outre-mer et du Budget. « Il s’agit d’un budget de démarrage, et calculé sur une moitié d’année, il n’est donc pas significatif », soulignait, prudent, Jacques Touchefeu. C’est le montant 2018 qui va donner une indication des moyens que se donne l’Etat pour accompagner l’aménagement, et donc le développement de Mayotte.
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte
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