C’est ce qu’on appelle une communication un peu trop bien réussie: à 10 heures, des chaises doivent être trouvées en urgence pour permettre aux parents d’élèves et aux étudiants de s’installer dans la salle DRH du Département. Une situation qui prouve bien, si besoin est, que tout ce qui touche à la Direction des Politiques Scolaires et Universitaires (DPSU), anciennement DASU, intéresse et interpelle absolument tout le monde, à Mayotte.
À l’ordre du jour: la question du versement des bourses, mais également celle de la révision du règlement de la DPSU et le point sur le partenariat avec les différentes académies de l’Hexagone. Face à une trentaine de personnes, une équipe du Département en rang serré est prête à défendre son bilan. «Depuis 2015, une modernisation de la COBA (Commission d’Octroi de Bourses et Aides) a été lancée», indique Ali Debré Combo, président de la commission. «On peut désormais suivre en temps réel les versements. Les demandes de bourses sont informatisées, tout cela pour travailler dans la transparence». Une volonté appuyée par l’acquisition d’un nouveau logiciel depuis janvier 2017.
Problème, des étudiants se sont plaints de ne pas avoir réussi à constituer leurs dossiers durant la période impartie, entre janvier et mai 2017, le site internet étant saturé ou ne prenant pas en charge des documents joints jugés trop lourds. «Il y a aussi le fait que de nombreux étudiants se connectent avec plusieurs comptes, oublient leurs mots de passe, ou ne valident pas jusqu’au bout», précise Dahabia Chanfi, directrice des politiques scolaires et universitaires. Entre temps, le site internet a de nouveau été ouvert. Il est accessible aux étudiants jusqu’au 24 juillet.
Problème de communication
Entre la DPSU et les étudiants mahorais, c’est une longue histoire de désamour. Dossiers égarés ou incomplets, versements de bourses retardés, échanges téléphoniques tendus… Les doléances sont nombreuses chaque année. «Il y a des problèmes de communication», reconnaît Ali Debré Combo, «mais on se nourrit des échanges. On est en pleine réorganisation. L’un des gros chantiers sera l’amélioration de la communication entre les gestionnaires et les étudiants. Des difficultés, il y en aura toujours. C’est ce qui nous permet de nous améliorer. Regardez, depuis 2013 la place des étudiants était vide à la COBA. Aujourd’hui, l’association des étudiants de Dembéni y siège».
Pour l’équipe du Département, la communication est le nerf de la guerre. En 2016, près de 3.406 étudiants ont été accompagnés. Le budget alloué était de 8,2 millions d’euros. Ils étaient 561 lycéens pour un budget de 2,7 millions d’euros. Au total, 20 gestionnaires suivent ces dossiers à Mayotte. Ils sont également 5 à Paris, sans oublier 10 médiateurs académiques, qui ont pour mission, notamment, de faire le lien entre les différents acteurs qui gravitent autour des lycéens et des étudiants. Les médiateurs auront aussi la mission de développer les partenariats dans l’ Hexagone. Une convention a déjà été signée en ce sens, entre l’INSA Lyon, le Conseil Départemental et le Vice Rectorat.
Viser l’excellence
Parmi les grands projets de la COBA: la création de données fiables sur les étudiants mahorais. Le dispositif pourrait être opérationnel d’ici à la fin de l’année. Aujourd’hui, on sait que 368 étudiants sont en deuxième cycle, dont 28 doctorants. Le souhait d’accompagner les jeunes souhaitant intégrer des filières d’excellence a également été émis, notamment ceux qui souhaitent suivre des filières de médecine.
La question des étudiants intégrants de grandes écoles est enfin posée. «Une vingtaine de dossiers étaient traités en moyenne», estime Enfanne Haffidou, DGA développement économique, attractivité du territoire et formation. «Pour l’année 2015/2016, nous avons eu 60 dossiers. Il s’agit ici d’un budget de 300.000 euros». Ces aides exceptionnelles sont plafonnées et ne peuvent concerner la totalité des frais de scolarité. Elles concernent les étudiants souhaitant intégrer une école de commerce, une école d’ingénieur, une école spécialisée ou une école préparatoire.
«On ne peut accorder que 60% du montant demandé. On peut essayer par dérogation d’aller jusqu’à 80% du montant si l’élève valide une année, mais il faut nous saisir tôt. Nous faisons très attention, car il y a eu des abus», explique Ali Combo Debré. Il indique également que tout sera très clairement écrit dans le nouveau règlement de la DPSU qui devrait paraître soit à la rentrée prochaine, soit en 2018. Il va donc y avoir du changement très rapidement: par exemple, le document indiquant que l’un des deux parents d’un demandeur doit avoir résidé à Mayotte depuis 1993, jusqu’alors exigé lors de la constitution d’un dossier, devrait disparaître.
Abby Saïd Adinani
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