Le feuilleton des élections législatives de la 1ère circonscription se poursuit. Alors que pour la 1ère fois une femme est devenue députée dans le département avec la victoire officielle de Ramlati Ali, son adversaire électoral ne compte pas baisser les bras. Les nombreuses péripéties liées aux résultats du scrutin ne sont probablement pas sur le point de s’achever. Elad Chakrina, le député d’une nuit, ne baisse pas sa garde et son équipe se montre déterminée à «faire éclater la vérité de cette affaire».
Devant une trentaine de personnes, Elad Chakrina est apparu déterminé ce jeudi, confiant et sûr de lui pour dénoncer le déroulement d’une élection «hors norme» au sens négatif du terme. Son équipe de choc était parée: requête papier, documents présentés comme «attestant d’irrégularités de signatures des votants» entre le premier et le second tour, personnes indiquant avoir été témoins de «scènes douteuses» au sein des bureaux de vote… Autant d’affirmations lancées par l’équipe du candidat perdant qui estime par ailleurs que plus de 100 votes n’auraient pas dû être comptabilisés.
A ce jour, le JDM tient à préciser que ces affirmations n’engagent que les membres de l’équipe d’Elad Chakrina, qui parlent de «faits attestant d’irrégularités massives»… de quoi faire réagir les fervents partisans du candidat malheureux qui glissent à petite voix quelques «ouidzi» (traduction : vol, fraude) à propos de l’élection de Ramlati Ali.
Un recours devant le Conseil constitutionnel
Depuis le retournement de situation qui a suivi la proclamation nocturne de la victoire d’Elad Chakrina avec 12 voix d’avance, avec finalement le sacre de la candidate PS le lendemain matin avec un écart de 54 suffrages, l’avocat a rassemblé ses «pièces à conviction».
À partir du 19 juin dernier, l’équipe de Chakrina avait 10 jours pour rédiger un recours devant le Conseil constitutionnel. C’est chose faite. Et c’est avec fierté que le candidat a promptement présenté son document ce jeudi après-midi. Chacun de ses soutiens a analysé la requête avec attention. Ce rapport à charge accable le déroulement de l’élection, sans citer explicitement de nom puisque «nous ne sommes pas là pour porter de fausses accusations. Nous sommes seulement là pour exposer les faits objectifs attestant de ce qui nous paraît douteux», explique Elad Chakrina.
Le camp du candidat LR profère pourtant de lourdes accusations à propos de nombreux vices de procédure. L’équipe est donc confiante et estime avoir «beaucoup d’éléments à charge qui pourraient remettre en cause le résultat du scrutin. En effet, des éléments similaires ont déjà permis plusieurs annulations d’élections par le passé», a fait valoir l’équipe. Le souhait du camp républicain est donc bien l’organisation d’une nouvelle élection.
Pour l’heure, Elad Chakrina se réjouit déjà de la recevabilité de sa requête. Il s’agit là de l’unique vraie nouveauté annoncée lors de cette conférence de presse. La décision du Conseil Constitutionnel devrait arriver peu après le 15 septembre prochain.
Une députée remarquée
La première Mahoraise députée doit-elle être inquiète ? Elle a en tout cas déjà fait une entrée remarquée au Palais Bourbon. Après avoir décidé de s’allier à la majorité LREM, elle a pris place au sein de la commission des affaires culturelles et de l’éducation. Parmi ses missions parlementaires, celle qui est médecin de profession a également été désignée secrétaire au bureau de l’Assemblée nationale en plus de son siège à la délégation aux Outre-mer et celle chargée des activités internationales.
Elle a également fait parlé d’elle lors de la polémique concernant le port de son châle. Lors de sa photographie officielle pour l’Assemblée, la nouvelle députée était vêtue d’un châle jugé «religieux» par l’extrême droite et la «fachosphère» sur internet. Le responsable de la communication du FN s’était d’ailleurs insurgé : «Ramlati Ali respecte-t-elle la laïcité avec le port du voile ?»
La question de la légitimité
Bien que la Mahoraise avait expliqué le caractère culturel de son vêtement, Nicolas Cadène, le rapporteur général de l’Observatoire de l’État, avait alors volé à son secours et coupant court à cette polémique : «En tant qu’élue, elle a le droit de porter un signe religieux puisqu’un élu, de fait, n’est pas neutre. Il n’est ni neutre politiquement, ni neutre religieusement. En revanche, les fonctionnaires doivent être neutres en tout point de vue», avait-il expliqué.
Depuis, le calme est revenu mais c’est la députée pourrait à nouveau faire les gros titres de la presse parisienne si la légitimité de son élection est effectivement remise en cause.
Ludivine Ali
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