En plein weekend de juillet, les participants à la formation opérée par le CDR (Centre de Ressources et d’observation de la cohésion sociale de Mayotte) n’ont pas hésité à consacrer leur journée du samedi pour l’événement. Hommes, femmes, jeunes adultes, associatifs… les profils des formés étaient variés mais une cause commune les réunissait, «l’envie de s’investir pour son quartier», explique Soifiane de Wenka Culture, bien qu’il n’ait pas participé à l’événement sous son étiquette associative.
Ce petit groupe s’était déplacé pour en apprendre plus sur les Conseils Citoyens. Certains étaient novices, d’autres un peu plus expérimentés. Odile Matignon Leclercq et Maylis Pouny-Fagalde, respectivement directrice et chargée de communication du CDR, ont animé cette journée de formation, supports visuels, papiers et numériques à l’appui. Les deux formatrices ont adapté leur discours au public du jour afin de recentrer les thématiques autour des quartiers de Mamoudzou.
Ainsi, la première partie de la formation été consacrée à l’examen de la politique de la ville. De quoi recoupe-t-elle ? Qu’est-ce-qui est mis en place au sein des quartiers ? Quels sont les besoins ? Autant de question auxquelles il aura fallu répondre. La seconde partie de journée était centrée sur la création, la gestion et les actions des Conseils Citoyens.
Une place pour les résidents dans la gestion du quartier
Il y a quelques semaines, l’NSEE rendait son diagnostic concernant les quartiers ciblés en zone prioritaire de la politique de la ville à Mayotte. Au total, 36 quartiers ont été répertoriés. Chez nous, ces quartiers abritent plus de 144.000 personnes, soit 66% de la population mahoraise. Les besoins en aménagement de proximité sont donc gigantesques.
Pourtant, les habitants des quartiers prioritaires ne sont pas forcément à l’affut des moindres avancées en terme de politique de la ville .
«On observe actuellement une vraie mobilisation des résidents de ces quartiers, surtout à travers différentes initiatives citoyennes. Mais sur le long terme, on sent que ces habitants n’ont pas toujours l’impression de pouvoir être acteur de la construction et l’évolution des quartiers. Ils ne se sentent pas écoutés ou considérés, c’est ce qu’il faut changer», explique la directrice du CDR.
Mais en tant que membre actif d’un Conseil Citoyen, n’importe quel habitant peut prendre part officiellement aux actions de terrain. Pour cela, il faut que le Conseil citoyen soit administrativement reconnu par les services de la préfecture après la signature d’une charte et l’édification d’un règlement intérieur notamment relatif aux méthodes de travail.
Des méthodes humaines et compréhensives
Présentées par les formatrices sous forme de diapositives, les méthodes de travail au sein des Conseils Citoyens ont occupé une bonne partie des discussions de la formation. «Privilégier la convivialité et la bonne humeur» est un des axes de travail de la création et du fonctionnement d’un Conseil citoyen. Pour que tout se passe pour le mieux, il faut que les habitants impliqués ne conçoivent pas ces tâches comme un fardeau .
«Lorsque vous serez amené à travailler avec différents acteurs et différents lieux, il faut se dire que l’on fait ça pour une cause, il faut s’investir et y aller avec de l’énergie», défendait un ‘formé’, membre d’un groupe de travail originaire de Combani.
Une implication tripartite
« Un château de carte peut s’effondrer avec seulement une carte mal placée». Cette expression a été utilisée par les formatrices pour mettre en avant l’importance de chaque acteur de terrain dans la réussite des Conseils citoyens. Elles dégagent trois acteurs majeurs : la population, les techniciens et les élus.
Les communes peuvent avoir un poids particulièrement important, notamment en termes de financement. Dans la loi, lorsqu’un Conseil citoyen est formé et reconnu administrativement, il est obligatoire que les communes allouent un budget à ces organismes. Il s’agit donc là d’une piste qui pourrait faciliter la création de certains Conseils.
À Mamoudzou, 3 zones sont «prioritaires», Kawéni (de Disma à Sogea), Mgombani et Mtsapréré. Ces 3 zones devraient bientôt bénéficier d’un Conseil citoyen, chaque habitant est donc invité à s’investir.
Ludivine Ali
www.jdm2021.alter6.com
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