Ce samedi 19 août, la grève chez Total est pleinement entrée dans sa 2e semaine. En quelques jours, le mouvement social a paralysé l’île entière. Plusieurs entreprises ont cessé momentanément leurs activités et de nombreux usagers ne parviennent plus à se rendre au travail.
Ainsi, la population mahoraise vit «au ralenti» et chaque kilomètre parcouru doit être économisé. Les pénuries se font grandement ressentir. Covoiturage, vélo, taxis (lorsqu’il y en a)… tous les moyens sont bons pour se déplacer. Mais la situation devient critique et l’atmosphère pesante.
Dormir aux abords des stations
Pour être sûrs d’être ravitaillés en carburant, les automobilistes ne reculent devant rien. Cela fait maintenant plusieurs jours que certains ont décidé de «dormir sur place pour avoir une chance de mettre du carburant», raconte Abdou Mounibou, un usager ayant décidé de passer la nuit à faire la queue près de la pompe de Tsoundzou II.
À 23h15, ce vendredi 18 août, l’homme s’est retrouvé obligé d’attendre plus de 4h dans son véhicule. Lui qui est en fauteuil roulant, dénonce l’inaction des élus mahorais face à la gravité de la situation. «Ce qu’il se passe ici est honteux. Vous vous rendez compte qu’aucun élu n’a ouvert sa bouche? Moi j’habite à Bouéni et je dois faire les va-et-vient quotidiennement. Alors je fais comment?»
Des files d’attentes de plusieurs centaines de mètres
Pour la station de Tsoundzou, la file était particulièrement longue vendredi soir. Elle s’étalait du pont de Tsoundzou II au rond-point de Passamainty. Même constat vendredi après-midi pour la station de Jumbo Score. Au total, 3 files s’étaient formées. La première débutait à la sortie de Kawéni. Une seconde prenait sa source à la sortie gauche du rond-point Jumbo (en provenance des Hauts-Vallons). La troisième, la plus impressionnante, débutait 200 mètres avant l’entrée de Majicavo.
Les stations en dehors du chef-lieu sont également prises d’assaut. «Nous sommes passés par Chirongui pour voir, et c’était encore pire», déplorait Abdou Mounibou.
Prendre son mal en patience
«Qu’est-ce que l’on peut faire? C’est comme ça pour tout le monde» résumait Ali. L’homme originaire de Sada était positionné à Passamainty depuis 7 heures du matin. Ce n’est que vers 22h45 qu’il avait réussi à atteindre la proximité de la station de Tsoundzou. Verre et repas en main, il s’apprêtait à prendre son dîner avant de dormir dans son véhicule. Il aura donc attendu 24h pour renflouer son réservoir vide. «24h c’est énorme. J’ai dû appeler au travail pour leur expliquer que je ne viendrai pas. Même s’ils ne sont pas satisfaits c’est comme ça et je ne peux faire autrement. Le pire, c’est que nous ne savons même pas si la station sera approvisionnée demain. Même si mon tour vient, je ne pourrai mettre que 30€. C’est pitoyable».
Ali n’est pas le seul à se trouver dans cette situation. Vendredi soir, on pouvait apercevoir de nombreuses personnes endormies dans leur véhicule ou scrutant patiemment le placement des nouveaux automobilistes venus se positionner dans les files d’attente.
Pour l’heure, le conflit ne trouve toujours pas d’issue. Les différentes réunions de négociation, dont celle de ce vendredi après-midi, n’ont pas permis d’entrevoir une sortie de crise prochaine. Alors la population fait avec, autant que possible.
Ludivine Ali
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