La réunion de conciliation supervisée par le préfet Frédéric Veau ce mercredi est la cinquième rencontre organisée depuis le début du conflit. Cette nouvelle tentative d’accord se fait pourtant dans une atmosphère de tension. La population commence à exprimer son exaspération à travers les réseaux sociaux, notamment depuis qu’une fiche de paie d’un pompiste originaire de Sada ait été dévoilée, affichant ainsi un salaire net supérieur à 1500€.
Du côté des stations, comme depuis plusieurs jours, quelques perturbations ont eu lieu. Ainsi, la station de Passamainty a été bloquée très tôt dans la matinée par les grévistes et les femmes leaders, empêchant ainsi le trafic sur la zone. À quelques kilomètres de cela, un collectif formé d’entrepreneurs de Mayotte avait décidé de bloquer le rond-point SFR afin d’exprimer son exaspération face au conflit qui perdure et met à mal le bon fonctionnement de leurs activités professionnelles.
Une réunion très attendue
Que ce soit du côté des particuliers, des entreprises, de la direction de Total ou des grévistes, chacun s’accorde à dire que le conflit a assez duré. «Cela fait trop longtemps que les choses restent au point mort et il faut qu’on avance. On est prêt à rester en réunion jusque 19h ou 20h même s’il le faut, mais il faut que ça se débloque», soutenait un gréviste de Force Ouvrière peu avant de la reprise de la réunion vers 14h.
À la station de Passamainty, les automobilistes ont laissé éclater leur lassitude. «Moi, je n’étais pas là pour mettre de l’essence. Je voulais simplement me rendre à Mamoudzou. Et sur la route, ma femme et moi sommes restés bloqués environ 20 minutes au niveau du rond-point de Passamainty. Il était environ 11h. Devant nous se dressaient des gravats et des sortes de tonneaux en métal. Il a fallu que la population de Passamainty vienne elle-même dégager la route. Ca ne peut plus durer. Nous comprenons que les grévistes soient engagés mais il faut absolument privilégier la voie du dialogue car ils s’en prennent à la liberté de circuler. On attend avec impatience le résultat de la réunion avec le préfet parce qu’il y en a marre !» dénonçait Steve, un habitant d’Hajangua.
3 accords sur 10 revendications
Au moment de la suspension de la réunion, vers 11h30, seulement 3 points avaient été évoqués. En premier lieu, les grévistes ont obtenu la possibilité de poser des congés sans solde. Il s’agissait là d’un point non sensible rapidement expédié. En second lieu, il a été question de la prise en compte de l’ancienneté. La direction a accepté que celle-ci soit désormais calculée sur le salaire de base et non le salaire indiciaire.
La troisième revendication évoquée a été un peu plus problématique. En effet, les grévistes réclament une réduction de 20% sur l’ensemble des produits d’entretien de véhicule vendus aux stations Total. En supplément, ils demandent une bouteille de gaz gratuite par salarié et par mois. La direction a alors proposé d’une réduction de 20% pour une bouteille de gaz mensuelle et 10% pour les produits d’entretien. À cette proposition, les syndicalistes déclaraient à 14h, «c’est déjà pas mal mais on va revenir dessus car ce n’est pas ce que l’on demandait». Pour le reste, les négociations se poursuivent dans les locaux de la DIECCTE, en présence des femmes leaders et du CODIM.
Après 13 jours de conflit, les questions des augmentations de salaires et des multiples primes demandées n’ont pas encore trouvé d’issue. La population mahoraise a donc les yeux rivés sur la DIECCTE, la direction de Total et les grévistes, en espérant qu’une sortie de crise soit enfin trouvée.
Ludivine Ali
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