Producteurs comoriens et artisans malgaches et mahorais se côtoient jusque dimanche à Mamoudzou. Au fil des dizaines de stands colorés, le salon se présente comme un concentré du savoir-faire de l’Océan Indien. Là, les porte-monnaie en cuir de crocodile malgaches s’étalent aux côtés des avions, voitures et autres bateaux en bois. Tandis qu’une jeune femme se fait maquiller sur un stand beauté, plusieurs Bouénis manipulent des tissus bariolés. “Combien le tee-shirt ? – Quinze euros.”
Sous la tonnelle, Amina vend des accessoires de cuisine fabriqués à Mayotte. De quoi écraser les épices ou le rougail, ouvrir une noix de coco ou râper la papaye, tout y est. “On a surtout des clients mahorais, explique la commerçante, tout ce qu’on a s’utilise en cuisine, mais ça peut aussi être décoratif”.
L’amour en gelée
Plus loin, un étal de produits du terroir mahorais semble moins entouré de salouvas. “Ici, ce sont les M’Zungus qui achètent le plus. Ils prennent de la vanille, des épices ou de la confiture à ramener en cadeau. Les Mahorais trouvent souvent que c’est trop cher, car ces produits, ils les ont dans leur jardin” explique une des vendeuses. Sa meilleure vente ? La gelée d’amour. Oui oui. Parce que c’est fait avec amour, certes, mais surtout avec des fruits de la passion et du gingembre.
Juste en face, Anazra Mohamed présente ses produits à base de Moringa, fabriqués à Anjouan. La Mahoraise a fait ses études en métropole avant de créer son usine aux Comores. Son crédo, c’est “la coopération régionale, créatrice d’emplois”. Devant elle, gélules de moringa, poudre de
moringa et feuilles séchées de… moringa. “Le plus adéquat, c’est en poudre, explique l’entrepreneure, car elle garde toutes ses vitamines. Ici à Mayotte ,tout le monde en a chez soi, mais souvent les gens le font bouillir, ce qui détruit ses vertus nutritives. Les feuilles séchées servent en infusion, mais là encore, il faut faire bouillir l’eau avant et mettre les feuilles ensuite.”
Miraculeuse moringa
Selon la vendeuse, la plante qui vient d’Inde soignerait pas moins de ” trois-cents maladies, parmi lesquelles le diabète, la tension artérielle ou le cholestérol. On y trouve sept fois plus de vitamine C que dans l’orange, et six fois plus de fer que dans les épinards”. Dans le cadre d’une alimentation équilibrée, c’est la plante magique par excellence.
Enfin, au stand des micro-entreprises rurales de Tananarive, on ne trouve rien à avaler. Mais 45 artisans de 12 filières différentes sont représentés par Sahondra, présidente de l’association et membre de la chambre des métiers de Tananarive. Artisanat en bois ou en cuir, vannerie et chapeaux, broderie et fibre végétale tressée sont ici à l’honneur. Une façon pour ces artisans de se faire connaître, sans avoir à tous faire le déplacement. “Le visa, c’est très compliqué, confie la responsable. Il faut compter 160 000 Ar (près de 55€) et le stand coûte 70€”. Des frais impossibles à avancer individuellement. Mais la coopération régionale, ce n’est pas que d’un pays à l’autre, et de toute évidence, ça marche.
Yohann Deleu
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