Les habitants du sud ont beaucoup de mal à circuler ces jours ci. Après les barrages à Chiconi, ce sont les parents de la commune de Ouangani qui ont décidé ce matin de protester en mettant en place des barrages filtrants, ne laissant passer que les véhicules de secours et le transport scolaire. En cause, toujours les rythmes scolaires. Car pour Ouangani, s’ils étaient en place l’année dernière et depuis 3 ans, cette année, ils sont perturbés par la réfection d’une école.
Ouangani 1 est vétuste, et le maire a reçu une subvention de l’Etat pour bâtir une nouvelle école, ainsi qu’un réfectoire. L’ensemble des élèves des 8 classes a donc basculé sur Ouangani 2, dotée également de 8 salles de classes. Engendrant automatiquement une organisation en rotation, deux classes se partageant une même salle, comme beaucoup d’écoles encore à Mayotte.
Une situation qui laisse le champ libre aux maires, de mettre ou non en place les rythmes scolaires, avait indiqué le vice-rectorat. Pour Ouangani, le maire semble dépassé. Ali Ahmed Combo a pourtant été reçu par le vice-rectorat et la préfecture ces derniers jours.
Des rythmes par demi-journées
Adrien Giraud, Directeur académique adjoint du vice-rectorat, détaille le rythme qui lui a été proposé : « En attendant la reconstruction de l’école Ouangani 1, nous avons mis en place un emploi du temps par demi-journée de 2h et demi de cours, puis de 45 mn de pause, comme l’était la pause méridienne, puis à nouveau 2h et demi de cours. Pareil pour la classe qui vient en après-midi. Ça a été négocié par le maire. »
Constatant les accès au village bloqués ce jeudi matin, ainsi que la portion de route entre Barakani et Coconi Ali Ahmed Combo était quelque peu agacé, « ce n’est pas à moi à débloquer la situation, nous explique-t-il, si le maire est bien en charge des constructions scolaires, c’est le vice-rectorat qui gère les horaires. »
Mais les horaires proposés ne conviennent pas aux parents d’élèves. Nous avons interrogé Adrien Giraud sur l’opportunité de revenir sur les anciens rythmes le temps des rénovations scolaires, c’est à dire 7h-midi, coupé par deux récréations. Il n’est pas particulièrement enthousiaste : « Nous avions remarqué que seules deux matières étaient enseignées alors, le français et les maths, privant les enfants d’autres apports ». Le français et les maths correctement maîtrisés, c’est déjà pas si mal, et même les profs de métropole en redemande.
Gonflement de la masse salariale en vue
L’avancée la plus précieuse qu’auront permis les rythmes scolaires à Mayotte, c’est la scolarisation en journée d’enfants qui étaient en déficit d’école par rapport à leurs petits copains de métropole.
Le vice-rectorat a en tout cas versé à Ouangani la somme de 514.440 euros sur 3 ans pour mettre en place les rythmes scolaires.
Le maire se dit également perturbé par la suppression annoncée des Emplois aidés, « ils vont revenir à la charge des communes. » Sur ce sujet, Adrien Giraud évoque l’investissement d’autres communes « qui se sont dotées petit à petit de cette main d’œuvre formée, en partie sur un projet éducatif, et en partie sur l’entretien des locaux, certaines les ont d’ailleurs déjà employés en CDI. »
Prises entre la Chambre régionale des Comptes qui leur demande régulièrement de fermer les robinets, et des rythmes scolaires qu’on leur a vendus comme un épanouissement pour les enfants, mais pour lesquels elles vont devoir recruter ces agents « épanouisseurs », les communes se demandent sur quel rythme danser…
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte
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