Difficile de douter encore de la nécessité d’un développement maîtrisé quand on a traversé comme la population de Mayotte la crise de pénurie d’eau. Souvenir douloureux évoqué par le préfet Frédéric Veau ce lundi matin lors de son discours d’inauguration du colloque inter-CCEE. Il évoquait le challenge : « Mayotte connaît des besoins de rattrapage, probablement parmi les plus importants au plan national », mais « la crise de l’eau que Mayotte a traversé il y a quelques mois illustre la nécessaire conciliation des enjeux environnementaux et du développement (…), les forêts sur les crêtes sont nos réservoirs d’eau. Leur protection est un enjeu d’intérêt général. »
La présence des 5 DOM sur un même colloque, permettait avant tout des échanges d’expériences bénéfiques.
On ne parle plus de développement durable, mais maîtrisable, résumé par Frédéric Veau comme étant « la conciliation des usages de l’espace et le respect de la biodiversité des environnements contraints que sont les milieux insulaires ou bien celui de la forêt amazonienne ».
20 communes guadeloupéennes en risque submersion
Un concept approprié à Mayotte où il est difficile de faire passer l’environnement avant la subsistance de la population. Cécile Perron, la directrice du Parc Naturel de Marin (PNM) de Mayotte, se voulait à cet égard rassurante envers les 3 autres DOM qui, en dehors de la Martinique et Mayotte, n’ont pas encore souscrit au concept : « Le Parc ne crée pas de réglementation, il la propose aux autorités compétentes, et nous n’avons pas une approche répressive mais d’alternative aux pratiques pour préserver la ressource de pêche ».
Associer développement et protection, c’est aussi une nécessité pour la Guadeloupe : « Les autorités veulent passer de 500.000 touristes à un million, mais où va-t-on les mettre ?! », s’exclamait Félix Lurel, écologue Guadeloupéen.
Il évoquait les défis du développement durable et du changement climatique de son île. Une élévation des températures et du niveau des eaux actuelles que les Antilles ont commencé par constater, « 3mm par an, 82 cm d’ici 2100… Que se passerait-il si ce scénario catastrophe se vérifiait ? » L’île serait fortement touchée, « 20 communes seraient partiellement submergées ou inaccessibles car 60% de la population vit sur les côtes, le port l’aéroport serait sous les eaux… »
Comme au Cap-Ferret
Les phénomènes climatiques sont amenés à être de plus en plus intenses, « des saisons sèches plus sèches », et plus violents, « nous passons d’un ouragan de catégorie 2 à 5 en quelques heures ».
En face, quelques solutions sont étudiées, comme une « sécurisation de l’alimentation en eau potable », le « renforcement du réseau d’espaces protégées » ou l’évolution vers une autonomie énergétique. Surtout, face à l’avancée des eaux qui grignotent littéralement les cocotiers des plages de sable blanc, une expérience de plantation pour stabiliser le littoral est encours. Du même type que l’ensemencement réussi de la dune au Cap-Ferret (Gironde) et qui a stoppé l’avancée du sable sur les habitations.
Des systèmes de productions durables, des écolabels, doivent être mis en place « en même temps qu’une lutte contre la déforestation ».
A Mayotte où une grande partie de la population vit également en bordure littorale, les impacts de l’élévation du niveau de la mer sont en cours d’inscription au plan de protection contre les risques naturels, comme le précisait le préfet, et « nous avançons sur la protection : celle des forêts avec un engagement financier de l’État et de l’Europe de 3,5 millions d’euro, la protection du littoral grâce au conservatoire et aux associations, la protection de la mer avec le parc marin. » Avant de conclure « Mayotte attend beaucoup de vos débats ».
Le colloque (Colloque mardi 17 octobre 2017) se poursuit ce mardi au conseil départemental.
Anne Perzo-Lafond
Lejournaldemayotte.com
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