Les médias ont assisté ce jeudi à une fronde a minima, mais dont on nous assurait qu’elle allait monter en puissance. Un volume pour l’instant modéré par manque de combattants. La mairie de Mamoudzou comptait ses pertes : « La dotation des Contrats d’accompagnement dans l’emploi a été divisée par 7, malgré la promesse du gouvernement de ne pas les geler dans les Outre-mer. »
Les Martiniquais ont été les premiers à se rebeller en menaçant de boycotter les Assises des Outre-mer, suivis par les Guadeloupéens et les Réunionnais. Incitant le gouvernement à faire volte-face et à maintenir le quota 2016.
Difficile d’obtenir les chiffres de la préfecture de Mayotte. Nous tentons de lever une partie du voile, avec un chiffre de prés de 3.800 emplois aidés alloués à Mayotte avant fermeture des robinets de l’Etat, et un nombre de contrats obtenus à l’arraché par la préfecture pour le second semestre 2017 de 831, alors que seulement 567 avaient été alloués. “Notre enveloppe est de 2.750 en 2017, soit un peu moins de 30% de diminution à comparer aux 35% nationaux”, rapporte finalement la préfecture au JDM, tard dans la soirée. Priorité a été donnée au renouvellement de contrats, au périscolaire et aux médiateurs scolaires, aux « emplois urgents », au second degré et à l’insertion par l’économie. Le taux de prise en charge par l’Etat est de 87% (contre 95% auparavant), mais s’avère être « le plus important d’Outre-mer ».
L’après sénatoriales pour Saïd Omar Oili
A titre d’exemple à Mamoudzou, les agents d’entretien passent de 195 à 87 pour cette rentrée d’octobre. « Le guichet unique des emplois aidés est fermé depuis le mois de juillet », nous explique Dominique Fossat, le sous-préfet chargé de la Cohésion sociale et à la Jeunesse.
Pourtant, depuis juillet, peu de réactions parmi les élus Mahorais. Nous nous en étions étonnés alors que les autres DOM menaient une bronca. Certains élus accusaient le président de l’Association des Maires de Mayotte (AMM) de passivité et d’amertume au lendemain de sa défaite aux sénatoriales. Cité parmi les favoris, Saïd Omar Oili n’avait en effet obtenu que la 4ème place, un désaveu de la part des grands électeurs à qui il aurait pu en vouloir.
« Pas du tout ! », nous rétorque-t-il, en revenant sur ses démarches qui soulignent la volonté d’anticiper de certains élus : « J’ai été saisi par Roukia Lahadji, la maire de Chirongui, avant les sénatoriales, qui souhaitait qu’on défile ceints de nos écharpes devant la préfecture. Mais cela aurait pu être vu comme une récupération de ma part en vue de me faire élire justement. Nous avons annulé ».
Une voix éraillée
Après les élections, il tente de mobiliser par le biais d’une question ouverte aux 4 parlementaires, « je m’attendais à ce qu’elle soit produite par le président du conseil départemental lors de la réunion de préparation des Assises la semaine dernière, en présence des députés et sénateurs, mais rien ! », reproche-t-il en précisant qu’il n’était alors pas sur le territoire.
En revanche, il observe par média interposé le balai des élus locaux à Paris, « Sada va plaider sa cause, comme Acoua ou Pamandzi. Tous dans des démarches personnelles. »
L’unique voix des élus paraît donc quelque peu éraillée. Et pour l’instant la seule menace qui plane est celle, annoncée par le duo mairie de Mamoudzou-conseil départemental, de la fermeture des écoles primaires à Mamoudzou lors de la prochaine rentrée scolaire de lundi “sans limitation”, faute de personnel, puisque les suppressions touchent essentiellement le secteur de l’entretien des locaux.
« En cas d’absence de réponse du gouvernement, nous durcirons le ton », expliquent Majani Mohamed et Issa Abdou, en demandant aux parlementaires de faire remonter au ministre des Affaires étrangères Le Drian qu’ils rencontrent lundi 23 octobre sur la suspension de la feuille de route France-Comores. Difficile de savoir si le ministre acceptera de jouer les facteurs, « c’est un ministre d’Etat », fait remarquer Issa Abdou pour souligner la légitimité de la démarche.
« Nous allons couler »
Saïd Omar Oili poursuit de son côté son interpellation des parlementaires « nous avons un vice-président du Sénat et un secrétaire de l’Assemblée nationale, des relais que j’ai déjà sollicités. » Il doit adresser un courrier au premier ministre avec demande de rendez-vous en novembre. Mais le temps presse, le projet de loi de finances 2018 est actuellement en fin d’examen…
En attendant, lorsqu’elles sont confrontées à la fin des contrats aidés, les communes doivent s’organiser, « sur 16 renouvellement dans le secteur de l’entretien, je n’en ai obtenu que 7, explique Saïd Omar Oili, je suis donc obligé de signer des contrats à durée déterminée à 900 euros par mois. Roukia Lahadji a raison, nous allons tous couler et passer sous tutelle de l’Etat ! »
Bien que l’utilisation des Contrats uniques d’insertion soit sujet à discussion pour beaucoup de communes où ils n’ont pas été encadrés, ni soumis à des actions de formation, ils sont vite devenus indispensables. Mais à une suppression sèche serait préférable un cadre administratif plus draconien. « Sans ces emplois, nous allons régresser en terme d’insécurité aux abords des établissements scolaires et de salubrité publique », avertit le maire de Mamoudzou.
Anne Perzo-Lafond
Lejournaldemayotte.com
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