En droit de retrait depuis le lundi 20 novembre, le personnel continue à dénoncer les violences qui se déroulent « à l’extérieur et à l’intérieur de l’établissement », les premières qui se tiennent au niveau de l’échangeur scolaire, ayant manifestement un impact sur les secondes.
Ils décrivent un enchainement crescendo : « Nous assistons maintenant à des violences préméditées. Dans la nuit de mardi à mercredi dernier, des jeunes avaient en effet détruit les caméras de surveillance pointées sur l’échangeur de lignes scolaires, ce hub qui rassemble beaucoup de scolaires au même endroit. D’autres avaient préparé des cailloux, prêts à riposter, débouchant sur les scènes de guerre de gangs auxquelles nous avons assisté le mercredi, provoquent notre appel à exercer notre droit de retrait », explique Violetta Maloszyc, enseignante et l’une des porte-paroles du mouvement.
Il étaient une petite centaine sur les 156 personnels pédagogiques à se masser au pied du vice-rectorat dont il n’ont pas obtenu la semaine dernière d’écho favorable au niveau de leur principale revendication : le déplacement du hub.
Surpopulation scolaire
Plus graves, selon un enseignant, à l’intérieur du lycée, les jeunes préfèrent adhérer à une bande, « plutôt que de s’en remettre à nous ».
Le papa d’un fils scolarisé en Terminale ne l’envoie plus en cours : « Il se faisait racketter. Par exemple, on lui demande son téléphone pour passer de appels, et s’il refuse, reçoit des coups », sans préciser s’il y a eu dépôt de plainte. Un enseignant souligne qu’à l’intérieur du lycée, les élèves sont « bien entourés », mais « pas assez surveillés ». Conséquence selon lui d’une surpopulation scolaire d’un lycée qui accueille prés du double de sa capacité de conception.
Le recours juridique justement, c’est ce que le mouvement a en tête : « Nous allons porter ce matin un courrier à plusieurs institutions, le Vice-rectorat, la préfecture, le maire de Ouangani, et le conseil départemental, dans lequel nous rappelons les violences des vendredi 10 et mercredi 15 novembre, en demandant leur intervention pour que la sécurité soit rétablie dans et aux abords du lycée, notamment, par l’apport de personnel. Ensuite, nous nous réservons la possibilité d’aller en justice ».
Une brigade de mineurs
Ils joignent une longue liste des faits de violence, « des bus caillassés quotidiennement, les racket, menaces, intimidations, agressions, les intrusions, les introduction d’armes et de gaz lacrymogène… », la liste est longue. « Un de mes élèves n’est pas venu en cours il y a un mois parce qu’il a reçu un coup de batte de base-ball à la sortie du bus », témoigne un autre enseignant.
La gendarmerie assure une présence « lorsque la tension monte », disent les parents, et le colonel de gendarmerie Philippe Leclercq avait émis le souhait que soit créée une brigade de mineurs, chargée de prendre en charge ce type de délinquance, et de pouvoir affecter ses hommes sur des zones à risque.
Ils sont plusieurs à informer les passants de leur manifestation qui défile sagement sur le trottoir sans perturber la circulation. « Personne ne peut nous recevoir à la préfecture », déplore-t-il en se dirigeant vers le conseil départemental. Mais les portes sont fermées à clé, sur conseil de la police nationale.
Une petite délégation de 5 personnes est reçue depuis 11h au vice-rectorat.
Anne Perzo-Lafond
Lejournaldemayotte.com
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