“Depuis quatre ans, énormément d’efforts ont été faits” affirme Nathalie Costantini, vice-recteur de Mayotte arrivée en 2014 sur le département. Il ne s’agissait pas pour la patronne du vice-rectorat de faire “un bilan”, même si, dit-elle, “je vais partir, mon contrat s’arrête”.
Non, si son cabinet avait convié la presse ce mercredi pendant, c’était pour un jeu de questions réponses de plus d’une heure, séance durant laquelle la responsable a insisté sur le positif et le travail en cours, sans occulter ce qui reste à faire.
Sur les rythmes scolaires et les écoles élémentaires d’abord, objets d’une manifestation ce mardi, Nathalie Costantini défend pied à pied une réforme qui n’est pas selon elle “menée à marche forcée”. Près d’un quart des établissements ne l’applique pas. La fonctionnaire revenait d’une journée de visites dans plusieurs écoles dont elle a rapporté des photos dont plusieurs de Kawéni Village où un courrier a été adressé aux parents “pour les informer de choses qui restent à faire, mais voyez, les extincteurs sont là, les consignes de sécurité sont accrochées. C’est une école qui était pointée du doigt et qui a maintenant du matériel neuf, cette école est magnifique. Elle a pu mettre en place les rythmes scolaires.” Cependant admet-elle, “on n’a jamais dit que ça marchait partout”.
Car tout n’est pas rose, s’accorde à dire la vice-recteur. Ainsi, il y a quelques semaines, la page Facebook des “associations mahoraises en France métropolitaine” avait partagé des photos alarmantes d’une école à Koungou. “C’est un véritable scandale, tranche Mme Costantini. Des écoles méritent qu’on s’en occupe rapidement.” Idem pour l’école de Dapani dont elle estime que” cette école devrait être rasée et reconstruite” Et d’évoquer les écoles qui ont “des toilettes indignes”. Mais sans vouloir jeter la pierre, la cadre se veut constructive et estime que tout prend du temps. “On ne peut pas aller plus vite que les travaux” réaffirme la responsable du vice-rectorat qui rappelle que beaucoup d’écoles datent des années 1980.
Pour autant, elle a rappelé les 9,5 millions d’euros mis à disposition des communes pour l’application des rythmes scolaires, les 1000 emplois créés dans ce cadre ( soit 250 à 300 équivalents temps pleins) et les 450 services civiques recrutés par le vice-rectorat.
En outre, concernent la restauration, “plusieurs dizaines” de réfectoires sont opérationnels, en construction ou en projet. “Des choses restent à faire mais ils avancent” poursuit-elle au sujet des maires de Mayotte. Elle ressort son téléphone pour montrer deux photos, une à Kawéni où des élèves traînent dehors durant la pause méridienne, et une autre où d’autres enfants mangent un plat préparé par leurs parents et réchauffé à l’école.
Vers une école coranique l’après-midi ?
“Il y a à Mayotte 55 000 élèves, je n’ai pas vu 55 000 parents (à la manif) poursuit la vice-recteur. Et on a 183 écoles, on n’entend pas parler des 183.” Il faut arrêter avec cette histoire de rythmes scolaires, tout le monde en parle et personne ne sait ce que c’est. Les enfants avaient 24 heures de travail, ils ont toujours 24 heures” conclut-elle. Répondant aux inquiétudes des parents sur la fatigue des enfants, le vice-rectorat a entamé des discussions avec les écoles coraniques pour déplacer cet enseignement extra-scolaire après l’école publique plutôt qu’à l’aube. “Pourquoi pas le faire à 15 heures ? Si les enfants se lèvent à 6 heures au lieu de quatre, ils dormiraient déjà deux heures de plus. On travaille dessus avec les Fundis, donc pourquoi pas avant la rentrée prochaine.”
Autre sujet brûlant de ces derniers jours, le droit de retrait maintenu ce jeudi dans les lycées de Kahani et à la Cité du Nord. Le vice-rectorat rappelle que pour Kahani “16 salles de classe sont en cours de construction” Son directeur de cabinet Didier Cauret affirme que la mesure “ne fait plus l’unanimité, plusieurs enseignants aimeraient reprendre les cours”. Concernant le hub de cars scolaires “il est dans le plan sécurité de Manuel Valls de 2016. Ce Hub ne nous appartient pas, il dépend de la commune.”
Renvoyant chacun à ses propres responsabilités, elle plaide aussi pour plus de cars scolaires. “Un lycéen qui commence à 11 heures doit être au lycée à 7 heures du matin, il faudrait qu’il y ait plus de bus. Bien sur que ça coûte de l’argent mais on n’est pas là pour thésauriser.”
Constatant que les droits de retrait se poursuivent de manière inhabituellement durable, Nathalie Costantini met en garde ses agents. “Attention à ce que le droit de retrait n’entraîne pas quelque-chose de plus grave que ce qui motive ce droit de retrait”.
Y.D.
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