Une initiative à souligner que cette renaissance du CLSPD, puisqu’il était réuni dans le passé lors de crise fortes, émeutes etc. Comme le procureur Camille Miansoni le faisait remarquer, « quand nous intervenons, le mal est déjà fait. Or, pour les victimes, la sanction judiciaire restera toujours dérisoire, on n’a pas d’autres choix que de travailler en amont », appelant chacun des acteurs, familles, associations, à « prendre sa part ».
La délinquance à Mamoudzou, bien qu’en « nette régression » selon le commissaire de police Philippe Jos, sur les vols avec violence et les vols avec effraction aux domiciles et aux entreprises, représente 50% de la délinquance de l’ensemble du territoire de Mayotte, sur 13% de surface géographique…
Le maire Mohamed Majani et son 1er adjoint Bacar Ali Boto insistaient de concert sur la « forte proportion de jeunes sans parent, puisque expulsés » : « Ils ne sont pas scolarisés et n’ont pas de travail car en situation irrégulière. » La moitié des incarcérations à Majicavo concernant des enfants de parents Mahorais, la parentalité est donc rapidement en cause.
Pénalement, les parents ne peuvent être tenus responsables des actes de leurs enfants, « mais ils le sont civilement », rappelait Camille Miansoni, des enfants protégés aussi par l’ordonnance de 45 « qui envisage les mesures éducatives avant de passer au répressif », « si elle n’est pas adaptée compte tenu de la gravité des faits, on peut prendre une sanction graduée ».
Suspension des allocations familiales
Les délais de convocation en justice sont longs, et les places insuffisantes en l’absence de centre éducatif fermé. D’autre structures devraient voir le jour en 2018, soulignait la directrice de la Protection Judiciaire de la Jeunesse (PJJ), Liliane Vallois, qui suit 188 jeunes sur Mamoudzou sur les 440 du territoire, « dont la moitié a déjà été jugé, un bon chiffre. Il n’y a pas de jeunes non suivis ». Elle évoquait les 30 places du quartier mineur de la prison, « c’est beaucoup » pour un territoire de cette taille. Ils étaient 28 à être incarcérés il y a quelques jours, un chiffre qui est monté à 38 selon le procureur.
Plusieurs propositions étaient lâchées, pour impliquer les parents. Certaines considérées en métropole comme trop répressives ont été livrées sans tabou, dans un esprit de recherche de solutions propres à un territoire particulier, quitte à trouver des propositions novatrices. Le commissaire Jos évoquait la suspension des allocations familiales « pour les mineurs récidivistes », appuyé par Bacar Ali Boto, « depuis que la préfecture a couplé le paiement de la caisse des écoles à l’obtention d’un reçu pour l’obtention d’une carte de séjour, tout le monde fait la queue pour payer ».
Les corrections d’antan n’ont pas la côte au tribunal, « surtout s’il s’agit de sévices corporels », répondait le procureur qui ne veut pas entendre parler d’ « enfants du juge », « c’est une mauvaise interprétation de nos actions, d’autres territoire en métropole autant chargés de traditions que Mayotte, ont du les laisser tomber pour s’adapter aux lois ».
Diviser pour mieux accompagner
Malgré le déficit d’infrastructures de prise en charge des jeunes, il existe des solutions pour éviter de les expédier en prison pour un vol de rouge à lèvre. « Les Travaux d’intérêt général (TIG) sont sous développés à Mamoudzou, la municipalité doit nous aider sur ce sujet », relavait Liliane Vallois. Le commissaire Jos invitait chaque institution présente au CLSPD à se porter volontaire. Ce qui amène au sujet du partages des informations et des actions entre tous ces acteurs, non concrétisés en l’absence de signature d’une convention sur laquelle insistait le directeur de cabinet du préfet, Etienne Guillet.
Autre mesure d’implication des parents : l’accompagnement de leurs enfants au collège, « c’est le cas à Majicavo, ce qui a fait chuter drastiquement les chiffres de la délinquance ».
La préfecture met en place une mesure d’individualisation de la prévention de la délinquance : « Nous allons choisir 5 référents de parcours qui gèreront chacun 5 jeunes dont ils pourront rencontrer les parents régulièrement, et qu’ils pourront remettre en cas de problème aux autorités compétentes », expliquait le Capitaine de police Chamassi, chargé de mission au cabinet du préfet. Le dispositif vient d’être expérimenté en Petite Terre, et a permis de repérer plusieurs ados en souffrance.
Tout ceci en dehors des actions quotidiennes des associations de quartier qui font un travail considérable de prévention, comme Mlézi Maoré qui propose des ateliers éducatifs préventifs sur la drogue, « avec une présence en moyenne de 20 à 40 ados inquiets de ce qu’ils vivent. »
Côté sécurisation, la police nationale poursuit son partenariat étroit et fructueux avec la mairie et la police municipale, qui a fait considérablement chuter les agressions chez le transporteur scolaire Matis, et met en place une police de proximité, « comme le souhaite le ministre », le commissaire Jos était d’ailleurs à Paris la semaine dernière, pour une déclinaison en 3 points : « Une présence visible, un travail par objectif avec des activités mesurables par la population, et une communication continue ». La police nationale a d’ailleurs désormais sa page Facebook, « où vous pouvez suivre nos aventures ! »
Anne Perzo-Lafond
Lejournaldemayotte.com
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