Cela n’a échappé à personne, le temps est à la pluie. Les tentatives de rando du week-end sont avortées, et les opérateurs du lagon ont le nez en l’air pour dénicher un bout de sable blanc non arrosé… par les intempéries s’entend.
Donc il pleut. C’est ce que l’on attend depuis plus d’un an, et cela colle pile-poil et au jour prés à l’annonce de Bertrand Laviec, Délégué départemental de Météo France, qui avait signalé un début de saison des pluies pour le 15 novembre. Les premières gouttes sont tombées ce jour là, lui augurant une meilleure année que 2016 en terme de pression, pas atmosphérique, mais du Comité hebdomadaire de ressource en eau.
Mais en y regardant de plus prés, les averses ont traité inégalement le territoire : « Les pluies n’ont pas marqué de record en novembre, mais il a plu deux fois plus que la normale sur la partie nord-ouest, et trois fois moins que la normale au sud-est, indique Bertrand Laviec, Délégué départemental de Météo France, soit 235% à Dzoumogné, 308mm, et 31% à Bandrélé, 30mm, sur l’ensemble du mois ».
« Ra hachiri* »
L’abondance sur Dzoumogné, pouvait nous laisser quelques solides espoirs sur la retenue collinaire qui trône dans la commune. Espoirs déçus, puisqu’on apprend de la préfecture qu’elle est actuellement remplie à 18%, soit 0,5% de moins que le 27 novembre dernier. A n’y rien comprendre. « Les pluies ne sont pas tombées au bon endroit, peu a été recueilli par le bassin versant, un problème qui se répète chaque année pour cette retenue », explique Michel Jousset, directeur du Sieam.
Le problème du dépérissement du couvert forestier sous le coup des activités humaines, est aussi un facteur d’évaporation de la ressource.
C’est un peu mieux du côté de Combani, mais pas de quoi chanter sous la pluie, puisque selon les chiffres de la préfecture, elle est remplie à 35,7%, soit 1,6 point de plus que le précédent relevé fin novembre, les pluies de dimanche ayant permis une remontée de 30 cm. « Nous restons vigilants* », expliquent l’ensemble des acteurs de l’eau, qui gardent en tête la devise de Mayotte, signifiant que nous ne sommes pas sortis d’affaire. Au moins, les nappes aquifères sont réalimentées, permettant aux forages de fonctionner, et donc de ne plus ponctionner dans les retenues. Et puis ce n’est que le début de la saison des pluies…
Un radar envisagé pour 2020
Les nuages ne devraient en effet pas faire défaut, alimentés par une température à terre comme sur le lagon, qui s’affole une fois de plus en novembre : « Nous avons encore battu des records sur ce mois. En moyenne, la température devait être de 27,2°, elle a été de 28,6°, soit 1,4° de dépassement, on explose les records ». Des records non stop depuis le mois de juin. Et en après-midi, c’est encore plus flagrant : « Nous dépassons de 1,5°, avec une moyenne de 31,6° ».
La température du lagon suit cette courbe folle, bien que nous n’ayons aucune moyenne dans ce domaine, nous faisons confiance à Bertrand Laviec, « elle est très très élevée, ce qui accentue les risques de cyclogenèse », c’est à dire de localisation à un endroit donné, d’un cyclone. En espérant que les éléments n’aillent pas jusque là, il faudrait au moins des actions concrètes de récupération des eaux de pluies…
En matière d’action, la dernière en date a été annoncée par la ministre des Outre-mer Annick Girardin qui évoque un maillage de radars météo « irrégulier » en Outre-mer, voire « vieillissant à La Réunion », dont nous dépendons, « en 2020, nous allons travailler sur Mayotte », avançait la ministre au sénateur Thani Mohamed Soilihi lors des questions à la Délégation sénatoriale.
Anne Perzo-Lafond
Lejournaldemayotte.com
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