Comment est née la petite plante qui croise notre marche sur une des pistes de l’île ? Et cet arbre qui sort sa cime d’une forêt qui n’a plus de primaire que sa légende, comment est-il arrivé là ? Connaître la flore locale pour mieux la protéger est l’objectif d’un programme en cours.
La réponse à la question de l’arrivée du baobab sur l’île passe par la moins contestable des coopérations régionales : celle de la formation de l’archipel des Comores. Guillaume Viscardi, du Conservatoire Botanique National du Mascarin, Luc Vanhuffel, de la Chambre d’Agriculture de Mayotte, de la Pêche et de l’aquaculture (CAPAM) et Léonard Durasnel, du Conseil général, s’y sont penchés.
L’objectif de leur étude est d’identifier les espèces végétales locales pour les utiliser en agriculture, lors des programmes de reforestation ou dans les aménagements paysagers, «au lieu de recourir systématiquement à des espèces exotiques». Le Conseil général, la CAPAM, le Conservatoire Botanique de Mascarin, l’ONG Dahari (Anjouan), le Centre National Horticole de Mvouni (Grande Comore) et la Préfecture de Mayotte sont partenaires de ce projet de coopération régionale qui a bénéficié d’un budget avoisinant 20.000 euros.
Les îles présentent souvent une biodiversité moins variée que les continents du fait de leur isolement, mais il est aussi facteur de «spécificités biologiques remarquables». C’est portées par le vent, les oiseaux ou la mer que les premières graines sont arrivées sur les quatre îles de notre archipel: «il n’est pas rare de voir un fruit de baobab flotter ainsi à la surface du lagon.»
Goyaviers ou rats même invasion
Sur les sols vierges comme les coulées de lave, la terre stérile laisse émerger le lichen, « les premiers à sortir car peu exigeants», puis les fougères et enfin, toutes les plantes à fleur. «La flore de Mayotte vient ainsi en grande partie de Madagascar, alors que les grands arbres nous arrivent de l’Afrique de l’Est», indique Léonard Durasnel. Enfin, les espèces présentes dans les mangroves le sont aussi en Asie du Sud est.
En découlent trois sortes d’espèces : les indigènes «qui sont arrivées seules sur un territoire», les endémiques exclusives d’un territoire et les exotiques introduites volontairement ou non par l’homme, «ces dernières sont dominantes dans les forêts secondaires», celles qui ont repoussé par opposé aux primaires.
Certaines se sont adaptées d’autres non, et elles sont évidemment différentes en fonction de l’altitude. Une certitude qui ressort de l’étude : «les espèces végétales exotiques, introduites peuvent devenir envahissantes car plus compétitives que les essences locales». A l’image des rats, chiens ou chats, mainates ou escargots achatines tous apportés par l’homme, les goyaviers, kitani ou acacias ont été introduits, «à croissance et maturité sexuelle plus rapide et précoce que les espèces indigènes, provoquant une invasion biologique».
Pour la contrecarrer, l’introduction de fruits, de plantes ou de graines sur le territoire est interdite, «mais il faut aussi promouvoir la flore locale». C’est le but de ce programme qui passera par des tests de multiplication et une valorisation auprès des acteurs locaux avec la mise en place de pépinières en Grande Comore, Anjouan et Mayotte.
A.P-L.
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