Les transporteurs scolaires se sentent abandonnés. Au 2ème jour de leur mouvement, ils déplorent qu’une seule réunion sans grande avancée se soit tenue en préfecture en présence des maires.
Compétences du conseil départemental, absent de la réunion ce jeudi, la prise en compte de la crise dans le transport scolaire est malgré tout en cours, assure Ousseni Ahamada, le directeur de cabinet du président du CD : « Après avoir assisté à la réunion de 3 heures ce mercredi, nous considérons que le problème n’est pas lié au marché des transports, mais à la sécurité sur les lignes, donc compétence de l’Etat. »
Mais l’augmentation du nombre de médiateurs est une demande des transporteurs scolaires, et ils les jugent en diminution. « En effet, nos 70 médiateurs avaient reçu le renfort de contrats aidés, mais arrêtés par l’Etat. Nous demandons donc leur réactivation à la préfecture. » Ça va être dur vu le premier round avec le gouvernement fin 2017. « Notre masse salariale est critique, nous ne pouvons embaucher davantage, nous allons donc essayer de trouver du personnel à détacher, mais pas au niveau des 50 nécessaires », poursuit Ousseni Ahamada.
Tolérance zéro
De son côté, FO transports et logistique a écrit à tout un tas de monde, dont le président du conseil départemental, le préfet, les parlementaires, l’association des maires et le vice-rectorat, pour émettre des propositions.
En appelant à privilégier « systématiquement la présence humaine », Anli Djoumoi, souhaite maintenir du lien social à travers une coordination entre une police de proximité, et les acteurs de la médiation et des services de sécurité. En revendiquant une politique de la « Tolérance zéro » à travers une expérimentation menée à La Réunion par Transdev : une hausse de 200% des opérations de Contrôle Médiation Sûreté, une hausse de 70% du nombre de PV rédigés et de 50% des PV payés, l’application des prérogatives de la loi Savary de lutte contre l’insécurité, la mise en place d’un observatoire de la sécurité dans les transports, avec à la clé « une diminution du sentiment d’insécurité, une diminution de la fraude ».
D’autres points sont intéressant, comme un renfort des bus et de leurs rotations dans les quartiers sensibles, la généralisation de la vidéo protection, de l’usage des appels de détresse.
Détérioration des conditions de vie
Mais surtout, et c’est une demande générale, la mise en place d’une police des transports, « avec un renfort spécial des policiers urbains et de la gendarmerie dans les zones rurales ».
Pour le syndicaliste, « la multiplication des agressions dans les bus est symptomatique de la détérioration des conditions de vie dans certains quartiers, mais aussi de la démission de l’Etat dans ces zones. »
Il s’agit d’un côté de « durcir les sanctions » pour « éradiquer le sentiment d’impunité des fauteurs de troubles », mais de l’autre de « trouver des remèdes contre l’insécurité sociale et économique, en créant des emplois », plus difficile à faire qu’à dire, vu le peu de créations à Mayotte. « Qualifier les jeunes des quartiers » est évidemment un premier pas, « en intégrant les maires à ces actions », pour qu’ils se sentent « responsables des conditions sociales de la sécurité publique dans leurs communes ».
Lors du renouvellement du marché des transports scolaires en cours, le conseil départemental réfléchit à y adjoindre un lot « sécurité ». Ce qui ne serait pas du luxe en effet.
En tout cas, les transporteurs demandent une décision dans l’urgence : « Dès que nous allons reprendre le ramassage, les jeunes délinquants vont vouloir se venger et vont tout casser ! »
Anne Perzo-Lafond
Lejournaldemayotte.com
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