Plus de dix ans après sa mort, bien des mystères entourent encore la vie de Bob Denard. Surtout connu dans l’archipel comme “l’homme fort des Comores” où il a mené plusieurs coups d’état de 1975 à 1995, son travail de mercenaire a aussi façonné l’histoire sombre de l’Afrique.
L’association Survie a rendu publics plusieurs documents qui mettent en lumière les “missions” transmises par le gouvernement rwandais à des mercenaires français. Parmi eux, une société, Martin et Cie, dirigée par un certain Robert-Bernard Martin. L’obscure entreprise est notamment chargée en 1994 d’assurer des missions de reconnaissance, mais aussi de former des agents au renseignement. Un courrier adressé au premier ministre Jean Kambanda fait état de “missions de reconnaissance” pour 40 000 dollars américains, et “d’assistance” pour 200 000 dollars. Un montant de 1 086 000 FF est alors versé au mercenaire par le biais de la banque BNP, le juillet 1994. Six semaines plus tôt, l’ONU avait reconnu “l’existence du génocide” rappelle le rapport, sous-entendant que la banque ne pouvait ignorer le contexte du versement de ces fonds.
Dans un autre document, le fameux Robert-Bernard Martin est désigné comme “un citoyen français”.
Des missions pour les génocidaires… pour financer le coup d’Etat de Moroni ?
“À l’instar de Paul Barril, un certain Robert-Bernard Martin est donc à l’œuvre en 1994 en Afrique centrale aux côtés des génocidaires. Il n’est cependant pas évident, ni même tout à fait crédible, pour un illustre inconnu d’arriver en pleine crise et d’avoir la crédibilité suffisante pour gagner la confiance d’un régime criminel. Qui donc se cache derrière Robert-Bernard Martin ?” s’interroge l’association. Pour les auteurs de l’enquête, la réponse ne fait aucun doute.
“Au moment où le génocide des Tutsis se déroulait, Bob Denard préparait déjà sa future contribution à l’instabilité dans l’Océan indien : un nouveau coup d’État aux Comores. Dans un ouvrage qui retrace cette opération mercenaire en 1995, La dernière épopée de Bob Denard, l’auteur, JeanClaude Sanchez – un des mercenaires de l’opération –, explicite le pseudo utilisé à cette époque par Bob Denard : « […] Tout simplement parce que Bernard Martin est en réalité Bob Denard »”
Par ailleurs, un site sur Bob Denard présente des documents d’identité attestant des nombreux prête-noms du mercenaire. Ces documents, consultables à cette adresse, associent le Français au nom de Robert-Bernard Martin.
“Les signatures sur ces documents sont les mêmes que celle sur le reçu du 5 juillet 1994 à l’entête de l’ambassade du Rwanda à Paris… Reçu qui a permis à Robert Denard, alias Bernard Martin, d’empocher la modique somme de 1 086 000 FF de la part d’un régime génocidaire. Bob Denard ayant des besoins de financement pour ses diverses aventures mercenaires, on se doute que cet argent n’est pas resté inutilisé.” écrit l’association. Selon ses conclusions, l’argent gagné par Bob Denard au Rwanda lui aurait permis de financer en partie le coup d’état à Moroni, tout juste un an après.
L’intégralité du rapport de Survie est à retrouver ici.
Y.D.
Un rapport pointe le rôle de Bob Denard dans le génocide rwandais
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