Le taux de chômage a diminué à Mayotte de 27,1% en 2016 à 25,9% en 2017, c’est la 1ère fois depuis 2013. Au 2ème trimestre 2017, 48.900 Mahorais âgés de 15 à 64 ans occupent un emploi, grâce aux 3.500 créations en un an, dont 2.100 emplois dans le secteur public. Le premier bémol vient d’ailleurs de ce dernier chiffre, « la part d’emplois aidés n’est pas négligeable », souligne Jamel Mekkaoui, Directeur d’antenne de l’INSEE à Mayotte. C’est à dire des emplois fragiles, puisque initiés sous le président Hollande et remis en cause par son successeur. Un constat qui arrive en écho ce que dénonce Max Dubois, initiateur de R&DOM, « il ne faut pas créer des emplois mais de l’activité ».
Le signe encourageant vient du secteur privé et de ses 1.200 emplois supplémentaires créés. « A mettre en lien avec les dernières statistiques nationales plaçant Mayotte en tête de la hausse des créations d’entreprises », relevait l’économiste.
Le taux d’emploi, c’est à dire le nombre de personnes qui travaillent dans l’ensemble des classes d’âge étudiées de 15 à 64 ans, et de 38%. C’est à dire que sur 100 Mahorais en âge de travailler, 38 exercent un emploi.
Les Mahoraises aux manettes
Des créations d’emploi qui ont profité aux femmes avant tout puisque dans la fonction publique, les trois quarts des fonctionnaires supplémentaires sont des femmes. En conséquence, le taux d’emploi des femmes progresse plus fortement que celui des hommes en 2017 : + 2,5 points contre + 1,1 point. Mais en emploi, elles restent malgré tout moins nombreuses, 31,6% contre 46,5%.
Même tendance pour les jeunes. Si leur situation s’améliore, les jeunes de 15 à 29 ans sont 900 de plus à occuper un emploi, mais ils sont encore sous-employés : seul 15 sur 100 travaillent, contre 45 sur 100 en métropole.
Les années précédentes nous ont appris à nous méfier du taux de chômage officiel, qui utilise les critères du Bureau International du Travail (BIT). « Que nous sommes obligés d’utiliser comme outil de comparaison dans le temps et avec d’autres territoire, mais qui reste incomplet pour Mayotte », rapporte Jamel Mekkaoui. Ainsi, en 2009, le taux de chômage était ridiculement faible à Mayotte, 7%, ne traduisant pas la réalité.
29% de personnes veulent un job
Le BIT implique 3 conditions, ne pas avoir travaillé même une heure au cours de l’année, être disponible dans les 15 jours, et avoir effectué des démarches actives de recherche d’emploi le mois précédent l’enquête. Pour coller le plus possible à la réalité, l’INSEE évalue depuis quelques années, le nombre de personne ayant l’intention de trouver un emploi sans avoir effectué de démarche, soit auprès de Pôle emploi, soit de recherche de petits boulots. Nous arrivons donc à un taux supérieur de chômage, de 29%, alors qu’il était de 33% en 2016.
Car là encore, bonne nouvelle, ce « halo » de chômage se contracte encore, prouvant qu’on va vers une régularisation de leur situation de la part des chômeurs, une tendance qui va de pair avec le versement des allocations chômage, « mais aussi qu’ils sont moins nombreux que l’année dernière à vouloir travailler ». Ce qui pourrait corroborer la tendance des inscriptions à Pôle emploi qui ont moins augmenté que l’année dernière.
Une hausse de création d’emploi encourageante, mais fragile puisque liée en grande partie aux emplois aidés. Si nous ne voulons pas nous réveiller avec la gueule de bois en 2018, il va donc falloir chouchouter les entreprises.
Anne Perzo-Lafond
Lejournaldemayotte.com
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