Les électeurs du nord ont donc décidé : on va rejouer le match Ramlati-Chakrina. Mais pas dans les mêmes conditions que juin 2017. Le contexte tout d’abord. Sous la menace de la crise sociale que l’on connaît, avec des perturbations éventuelles des élections ont annoncé certains organisateurs, sans que l’on en connaisse la forme. L’appel au boycott lors du premier tour avait été mollement suivi, puisque 30,4% des électeurs s’étaient déplacés. Tous n’avaient pas pu le faire, un couple nous rapportait avoir été bloqué et menacé sur un barrage. Assistera-t-on à un rebond alors que les barrages se reconstituent ce samedi soir après une éphémère journée de relatif apaisement ?
Et précisément, l’inconnue du scrutin, c’est la position des 7 électeurs sur 10 qui ne se sont pas prononcés. Se déplaceront-ils ? Et s’ils y arrivent, où ira leur choix ?
Lors du bilan du 1er tour, Daniel Zaïdani, candidat MDM et conseiller départemental, qui a totalisé 12,17% des voix, retraçait les difficultés pour les candidats et les électeurs :
« Les conditions de campagne ont été particulièrement difficile : multiplication des barrages, absence de rotation de barge entre les deux îles la veille et le jour du vote, action d’intimidation aux abords des bureaux de vote, vol de 2 urnes dans la commune de Mtsamboro, distribution très partielle des propagandes officielles (professions de foi et bulletins) par la poste, entrave à la circulation des candidats sur la circonscription, annulation des meetings faute de point de passage, appel à la désobéissance civique en n’allant pas voter le jour du scrutin… »
Arithmétique ou pas, une affaire de calcul
En arithmétique pure, c’est Ramlati Ali (Sans Etiquette ex-LREM) qui devrait l’emporter. Nous ne sommes plus dans le match 50-50 de juin 2017, avec 16,84% pour le médecin et ancienne maire de Pamandzi, et 16,76% pour l’avocat. Une proximité des scores qui avait valu un coup de théâtre, débouchant sur une proclamation de la victoire à l’endroit d’Elad Chakrina, pour revoir les scores le lendemain à la suite d’une erreur de PV d’un bureau de vote, et proclamer Ramlati vainqueur.
Cette fois, avec une avance de 3,5points pour la première qui totalisait 36,15% dimanche dernier, contre 32,59% pour son rival LR. Logiquement, on pourrait penser que, même sans consigne de vote du MDM (Centre) arrivé 4ème avec 12,17% des suffrages exprimés, et des divers gauche, arrivés 3ème avec 12,48%, leur voix se reportent sur l’ex-députée déchue par le Conseil constitutionnel.
Mais on sait qu’à Mayotte, encore plus que dans le reste du pays, tout est une histoire de personne, d’affinités, d’historique de sa famille ou de son parcours, etc. On peut ainsi penser que la mise en examen de Ramlati Ali peut influencer négativement les reports, en tout cas, cela ne l’a pas pénalisé au premier tour.
Les 3 communes favorables à Elad Chakrina furent Acoua, Mamoudzou et Mtsamboro, Ramlati Ali faisait essentiellement la différence dans son ancienne commune Pamandzi, et à Bandraboua et Dzaoudzi.
Les dés sont donc jetés, et il faudra surveiller la participation pour savoir si un regain démocratique vers les urnes va se traduire par un chamboulement sur le papier.
En tout cas, le contexte de cette élection reste un terreau favorable aux réclamations et recours en tout genre de la part des candidats.
Anne Perzo-Lafond
Lejournaldemayotte.com
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