“L’heure est grave” estime Mohamed Ali-Hamid, président de la CCI Mayotte, à qui la situation actuelle “rappelle de tristes souvenirs de 2011”.
Sauf que selon lui “2018 va être encore plus grave car ce n’est pas le même contexte. D’autant plus que ceux qui ont vécu 2011 ont pensé que c’était du passé, ils se sont lancés dans des projets, ont contracté des emprunts. On ne peut pas croiser les bras et les laisser mourir.”
En effet, les entrepreneurs sont, surtout dans les plus petites entreprises, les grands oubliés de ce mouvement social. A l’heure actuelle, 120 entreprises totalisant 2000 salariés ont fait une demande d’activité partielle à la Dieccte .”Chaque jour les rapproche du précipice, poursuit M. Ali-Hamid, pour certaines je crains qu’il ne soit déjà trop tard”. Avant d’appeler toutefois à l’optimisme “tant qu’il y a de la vie, il y a de l’espoir”.
C’est pour entretenir cet espoir qu’une réunion d’urgence se tenait ce lundi matin à la Maison des entreprises de Mamoudzou en présence d’une vingtaine d’entrepreneurs qui ont pu faire le déplacement, et différents acteurs de l’Etat, de la CSSM. La CCI a créé une cellule d’aide aux entreprises, avec un accueil physique à la maison des entreprises place Mariage pour recevoir les chefs d’entreprise en difficulté et rechercher des solutions personnalisées. Un espace d’échange entre entrepreneurs existe aussi, pour favoriser l’entraide. “Une entreprise ne peut pas survivre seule, poursuit le président de la CCI, par ailleurs patron de l’antenne locale du livreur DHL. Quand une entreprise est à genoux, moi je suis à plat-ventre.”
Exonérations et échéanciers sous conditions
Face à une crise “intense”, les entrepreneurs visent donc la solidarité pour leur survie à tous. Une dizaine de grandes entreprises, bénéficiant d’une structuration, d’un service RH et autres compétences internes, se sont d’ors et déjà engagées à mettre ces compétences au service de plus petites structures, plus fragiles ,pour les aider à traverser cette période difficile. Une aide bienvenue car “la solitude est encore plus grande quand les difficultés s’accumulent. Apporter un maximum de solutions en un même lieu, c’est au cœur de la mission de la CCI.”
Dans cet espace ouvert pour l’instant le matin mais qui a vocation à “monter en puissance” sur le long terme, sont présents divers ateliers de conseil et d’accompagnement, notamment de la CSSM, présente pour conseiller sur les cotisations. “Nous consentons à accorder un accompagnement aux entreprises en accordant des échéanciers. Mais il faut que les entreprises jouent le jeu, en transmettant leur bordereau de cotisation. Ça se fera au cas par cas selon la situation.”
La CSSM précise aussi que “l’activité partielle est exonérée de cotisations, seule la cotisation maladie doit être payée.” Mais cette exonération est conditionnée à l’acceptation par la Dieccte de l’activité partielle, il convient donc de commencer par en faire la demande. “Sinon il n’y a aucune indemnisation”.
L’espace met aussi à disposition des ordinateurs pour les démarches en ligne. D’une manière générale y sont proposées “des informations et une orientation, pour les demandes de moratoire sur les échéances sociales à venir (CSSM), sur les échéances de paiement auprès des services fiscaux (DGFIP), sur l’emploi et le social avec notamment les dispositifs d’activité partielle (DIECCTE) et d’autres mesures favorables à la trésorerie des entreprises. Les entrepreneurs pourront ainsi bénéficier des différents outils informatiques, documentaires et espaces proposés par la maison de l’entreprise pour se réunir et échanger.”
La première étape pour cette plate-forme, au delà des conseils administratifs de base, c’est “la collecte d’infos, il faut remonter les besoins, mesurer l’ampleur des difficultés, sinon on ne saura pas dans quelle mesure demander à l’Etat de négocier avec les banques” illustre la CCI.
Autant d’outils qui se mettent peu à peu en place et qui évolueront en fonction des besoins des entrepreneurs qui viendront se renseigner, et qui répondent à l’urgence. “Certains auront du mal à se relever”.
« Ceux qui à partir d’une idée noble et collective persistent dans ces barrages doivent comprendre qu’à un moment il faut que ça s’arrête. Nous comptons sur l’autorité de l’Etat pour siffler la fin de la récréation » conclut la CCI.
La Cellule Urgence Entreprise est aussi joignable par téléphone au 02 69 61 04 26, par mail entreprendre@mayotte.cci.fr.
Tout entrepreneur, bénévole, souhaitant s’impliquer dans l’initiative et apporter son expertise peut s’inscrire sur le site et la page facebook de la CCI, et nous rejoindre dans les locaux de la Maison de l’Entreprise.
Y.D.
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