Ce mercredi 28 mars va permettre d’y voir plus clair sur les échéances qui nous séparent de la fin du conflit. D’ailleurs, ça frémit dans les rangs. Dans quelques heures sera nommé le Délégué du gouvernement. Une désignation en Conseil des ministres, qui donne d’emblée du poids à sa mission.
De leurs côtés, les leaders syndicaux nous font savoir que depuis 2 jours la préparation des négociations s’est intensifiée, il est d’ailleurs difficile de les joindre avant 23h ! Malgré les désaccords tenant aux personnalités de ceux qui composaient cette structure macédoine, reconnaissons qu’ils sont parvenus à conserver une certaine unité, « nous avons mangé notre pain noir », nous glissait en souriant Saïd Hachim, ce mardi soir.
En terme de désunion, la préoccupation venait plutôt du côté des maires. Ce mardi matin, Saïd Omar Oili, président de l’Association des Maires de Mayotte (AMM), nous glissait avoir été contacté par les leaders, pour reprendre le leadership. On se souvient de son silence au début de la mobilisation, « les manifestants ne voulaient pas entendre parler des élus », nous rappelle-t-il, puis de l’éclatement de leur camp déjà en manque d’unité auparavant.
Une tête pour plusieurs chapelles
Pendant que Anchya Bamana, maire de Sada et sa principale contradictrice, partait assurer une présence de porte-parole des difficultés de Mayotte sur les médias parisiens, Mohamed Bacar, 1er vice-président de l’AMM et maire de Tsingoni, se lançait dans une valse à quatre temps, tout d’abord celui de la proximité avec les leaders de la mobilisation, puis, celui de l’accord de Dzoumogné avec les élus sur un accord possible avec le gouvernement, avant de changer d’avis sur l’annulation des élections et la fermeture des écoles, et enfin, celui de représentant du Comité de coordination des élus, qui appelait à la « réouverture des services publics » et à la « suspension du mouvement ».
Autant de « chapelles », qu’il va falloir rassembler, et les leaders ont demandé à Saïd Omar Oili, “pour sa légitimité de président de l’AMM”, de le faire. Dur, dur. Un appel au rassemblement est d’ailleurs lancé pour ce mercredi matin au conseil départemental, où les élus devraient rencontrer, après des semaines de brouille, les leaders de l’intersyndicale et du collectif des citoyens de Mayotte. Le sujet est l’harmonisation tous ces “plans de développement”, des élus, leaders ou patronat, “nous sommes en train de nous mettre d’accord pour déboucher sur une version unique”, assurent les organisateurs de la mobilisation.
Sur ce sujet, Mohamed Bacar traine des pieds, certainement en réponse aux positions critiques des leaders envers les élus, et appelle à prendre le temps de préparer un document propre aux maires : “Nous nous sommes réunis ce mardi à Bouéni, avec 5 autres maires et le président du conseil départemental. Nous mettrons un point final à nos revendications mercredi qui seront prêtes jeudi. Nous demandons en attendant que les barrages soient levés, puisque la nomination du délégué était la condition émise par les manifestants.”
Même s’il a conscience que les élus ont été salis, Saïd Omar Oili invite ses pairs à avoir conscience de l’enjeu de la situation et à faire corps, et à rencontrer les leaders. D’autres maires devraient l’accompagner, assure-t-il.
Pendant ce temps, des sms circulent, notamment de la Confédération Syndicale des Familles, informant que « la grève continue », en invitant à maintenir les écoles fermées, mais aussi que « la lutte est en passe d’aboutir ».
L’expérience nous incite à la prudence, mais du côté des leaders, il semble que tout soit en ordre de marche pour commencer à négocier.
Anne Perzo-Lafond
Lejournaldemayotte.com
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