Ce n’est pas encore une grande avancée diplomatique, mais c’est un pas vers ce que l’on espère être une issue proche : 50 étrangers en situation irrégulière placés au Centre de Rétention Administrative (CRA) ont été reconduits par voie maritime ce vendredi à Anjouan. Selon nos informations, de nouvelles expulsions pourraient avoir lieu la semaine prochaine.
Le 21 mars, l’Etat comorien avait publié une circulaire indiquant que « pour des raisons de sûreté et de sécurité, il est interdit aux compagnies maritimes et aériennes (…) d’embarquer à destination des autres îles sœurs toute personne considérée par les autorités qui administrent Mayotte comme étant en situation irrégulière, et ce jusqu’à nouvel ordre. »
C’est le plus intense blocus de l’Etat comorien contre l’accueil des reconduites à la frontière de leurs ressortissants, qu’il considère comme chez eux à Mayotte. Il intervenait dans un contexte de chiffres records d’expulsion annoncés par la préfecture de Mayotte, et motivé par des reproches « d’exactions », notamment des « décasages », à l’encontre de comoriens en situation irrégulière à Mayotte. En représailles, Paris avait suspendu la délivrance de visas diplomatiques.
La lutte contre l’immigration clandestine est un des deux motifs de la crise sociale actuelle avec la sécurité, et le blocus comorien avait stoppé toute action. Accentuant la méfiance dans la population envers les engagements gouvernementaux.
« Des mesures concrètes »
Vendredi dernier, plus d’une centaine de personnes indique la presse comorienne, sont descendus dans la rue à Moroni (capitale de Grande Comore), dans une marche pacifique à l’appel du Comité Maoré, qui considère Mayotte comme relevant de l’Union des Comores. Ils appelaient leur gouvernement à « ne pas capituler » sur le blocage des reconduits à la frontière.
Le passage d’une délégation française conduite par Jean-Baptiste Lemoyne, secrétaire d’Etat auprès du ministre des Affaires étrangères français, ce mercredi, n’est sûrement pas étranger à cet apaisement dans les tensions franco-comoriennes. L’homologue de Jean-Yves Le Drian aux Comores, Mohamed El-Amine Souef, s’était félicité à l’issue, d’un dialogue franc, et avait annoncé : « Nous voulons une solution pérenne donc ce n’est pas en 30 minutes qu’on peut résoudre ce problème. Il y a des mesures concrètes qui seront annoncées dans les jours qui viennent ». On ne connaît pas les modalités des transactions.
Une évolution vers le mieux donc, en attendant la rencontre entre les deux ministres des Affaires étrangères à Paris le 19 avril prochain.
Anne Perzo-Lafond
Lejournaldemayotte.com
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