Ça vous a un petit look d’épinards, mais la comparaison s’arrête ici, votre palais ne s’y trompera pas, il va en redemander. S’il est possible d’acheter du mataba en barquette chez un des gros poissonniers transformateurs de l’île, la quantité reste encore confidentielle et le prix élevé. Nous n’en sommes pas encore à trouver des boites de ce plat spécifique à Mayotte, alignées par dizaines sur les rayons des supermarchés. Mais un premier pas vient d’être franchi.
Un des fonds européen, le FEADER, permet de mener des activités de recherche et d’études de marché de production agricole. Un financement qu’a utilisé le Réseau d’Innovation et de Transfert Agricole de Mayotte (RITA) dans le cadre de son projet INNOVEG.
Le travail fourni est en fait un préambule au chantier qu’il reste à mener. Il fallait identifier une recette répondant aux goûts du plus grand nombre : « Sur 11 recettes, 5 ont été retenues par un jury de professionnels et de consommateurs amateurs, sur des critères sensoriels, de visuel, de goût, de texture, et c’est celle de Mariam Ambdi, de l’association Salama Saliminé, qui a été choisie », relate Kamilia Rachidi, Chargée de mission au lycée agricole de Coconi, après la remise du prix ce samedi lors du marché paysan.
Il faudra y mettre le prix
Un travail mené avec Senteurs et saveurs de Mayotte, l’entreprise Actalia Innovation, basée à Rennes, qui a pour vocation de dynamiser et fiabiliser l’innovation dans le secteur agroalimentaire, et le Centre régional d’innovation et de transfert de technologie (CRITT), à La Réunion.
« L’objectif était de donner des outils robustes aux agriculteurs porteurs de projet pour qu’ils mettent en place la production semi-industrielle », déclare Kamilia Rachidi, qui précise, « il fallait être sûr que la population était prête à acheter du mataba tout prêt, et lequel. » Mais l’étude du prix, élément déterminant, n’a pas été incluse dans l’enquête.
En gros, maintenant que la recette est trouvée, les 4 agriculteurs identifiés comme fiables, n’ont plus qu’à produire. Face aux difficultés d’appréhender le type de machine nécessaire, ils ne seront pas lâchés dans la nature, relève la chargée de mission, « je reste là en cas de besoin, et l’entreprise Actalia a proposé de mettre son expertise à leur profit. » Qui se rémunèrera sur la mise en place de la semi-industrialisation.
Car il faut d’abord refaire des tests de recette en laboratoire, « ce n’est pas la même chose que de la fabriquer de manière artisanale, il va falloir trouver les machines appropriées. »
Pour le RITA, le portage du projet mataba s’arrête là, les agriculteurs vont donc devoir prendre le relais.
Anne Perzo-Lafond
Lejournaldemayotte.com
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