Depuis le mercredi 21 mars, des tractations étaient en cours à la suite du refus par l’Union des Comores d’accepter les reconduites à la frontière. Le bateau Gombessa avait du faire demi-tour vers Mayotte, dans un contexte de forte demande de lutte contre l’immigration clandestine.
Le député Mahorais Mansour Kamardine avait aussitôt appelé à suspendre l’octroi de visas au départ des Comores. Le 29 mars, les autorités françaises avaient annoncé la suspension des visas officiels et diplomatiques, ne trouvant que peu d’écho chez le ministre des Affaires Étrangères Souef Mohamed El-Amine. La plupart des dirigeants comoriens ont la double nationalité. Une annonce de façade donc, qui permettait de poursuivre les négociations diplomatiques.
Le ministre français des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian avait rencontré son homologue comorien le 19 avril dernier, mais aucune avancée n’était constatée. L’objectif de la France était pourtant annoncée sur le site du quai d’Orsay : « Obtenir des réponses claires aux problèmes immédiats liés aux décisions récentes de l’Union des Comores concernant ses ressortissants en situation irrégulière à Mayotte, améliorer ensemble la maîtrise de la circulation des personnes et poser les jalons d’une coopération renouvelée dans l’intérêt de nos deux pays ».
Déblocage à l’approche de l’arrivée de la ministre
Des négociations se poursuivaient, avec notamment comme enjeu pour le président Azali Assoumani, d’obtenir l’appui de la France sur son projet interne de réforme constitutionnelle de maintien au pouvoir.
Plus d’un mois et demi de blocage des reconduites, c’est la plus longue crise entre les deux pays autour de l’enjeu de Mayotte. L’affichage de la circulaire de suspension de l’octroi des visas de la part des autorités françaises « jusqu’à nouvel ordre » aux ressortissants comoriens des îles, nous a été confirmée par l’ambassade de France à Moroni. Une information difficile à obtenir, aucun affichage dans ce sens sur le site français des Affaires étrangères.
Une décision prise très tardivement donc, et qui signe l’échec des négociations, et le besoin d’obtenir des avancées à quelques jours de l’arrivée de la ministre des Outre-mer, toujours annoncée pour ce dimanche.
En tout cas, c’est enfin une réponse à l’appel à la fermeté de la classe politique Mahoraise. “Je me réjouis que le gouvernement soit enfin monté d’un cran dans la fermeté, et si ce n’est pas assez, il faudra aller plus loin dans les menaces, témoigne le sénateur Thani Mohamed Soilihi, nous assistons à une atteinte à l’intérêt territorial de la France, c’est inadmissible!”.
En attente de la réponse du côté comorien donc.
Anne Perzo-Lafond
Lejournaldemayotte.com
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