S’il lui restait quelques illusions, le tonitruant Jean-Claude Pastorelli a du définitivement les perdre. Lui qui porte depuis 2011 le projet d’un développement de grande envergure l’aquaculture à Mayotte, n’aura connu que des freins. Il s’était plaint de la difficulté de rencontrer les préfets successifs pour épauler son dossier, lui qui visait les fonds européens. « Des éléments trop approximatifs », avaient jugé les représentants de l’Etat successifs.
Jean-Jacques Robin, son directeur nous avait indiqué que IFREMER validait une production pouvant aller jusqu’à 20.000 tonnes par an, « mais le Parc Naturel Marin bloque tout. » Aqua Mater n’avait pas obtenu le renouvellement de son Autorisation d’occupation du territoire (AOT), condition pour exploiter et d’obtenir des prêts bancaires.
C’est une nouvelle fin de non recevoir que vient de lui opposer le Parc Naturel Marin (PNM) avec cette fois un « avis conforme ». Acte qu’il délivre au compte goutte, car rédhibitoire : l’autorisation correspondante ne pourra pas être délivrée si l’avis du conseil de gestion n’est pas favorable.
Le projet de la société Aqua Mater, d’exploiter une installation aquacole porte sur une capacité de production de 1.500 tonnes par an, et serait situé à proximité immédiate d’écosystèmes coralliens dans la baie de Mtsangamboua, précise le PNM. Il a déjà fait l’objet de deux avis simples défavorables accompagnés de recommandations, émis par le bureau du Parc naturel marin en 2013 et 2015 lors de l’élaboration du projet.
Une aquaculture polluante
Or, début 2018, le conseil de gestion du Parc a été saisi par le Préfet pour rendre un avis « conforme » sur le projet, et justifie sa décision : « Les compléments apportés par la société Mayotte Aqua Mater n’apportent pas d’élément de nature à remettre en cause les avis précédents. Le Parc attendait en particulier une modification quant au choix du site d’implantation du projet, celui-ci n’étant pas retenu parmi les sites propices à la pisciculture dans le Schéma régional de développement de l’aquaculture de Mayotte (SRDAM) et étant situé dans une zone vouée à la protection du patrimoine naturel par le plan de gestion du Parc naturel marin. Ce projet altérerait de façon notable le milieu marin, notamment de par l’enrichissement anormal du milieu en azote et phosphore par les rejets de l’installation (aliments non consommés, excréments des poissons) et de par la sensibilité particulière du récif frangeant de l’îlot Mtsongoma, qui est l’un des plus riches de Mayotte en termes de couverture corallienne et de diversité spécifique. »
L’objet de cette réunion du conseil de gestion du Parc Naturel Marin de Mayotte, était également d’élire un nouveau président, Bichara Bouhari Payet ayant démissionné. C’est Abdou Dahalani, également président du Conseil économique et social, qui a été élu. Il sera secondé par Soilihi AHMED, maire de Kani-Keli, comme vice-président dans la catégorie des représentants des collectivités. Les autres vice-présidents, déjà élus, sont Régis Masséaux, vice-président dans la catégorie des représentants des organisations professionnelles, Jack Passe, vice-président dans la catégorie des représentants des associations d’usagers, Michel Charpentier, vice-président dans la catégorie des associations de protection de l’environnement.
A.P-L.
Lejournaldemayotte.com
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