Destinée à lutter contre l’échec aussi bien scolaire que de la parentalité, l’opération « Parents, l’école a besoin de vous ! » du Vice-rectorat, accueillait les parents d’élèves dans les établissements scolaires ce samedi 28 septembre.
« Notre but est de nous rapprocher des familles, qui ne sont pas forcément démissionnaires, mais qui ont décroché parce qu’elles ne possèdent pas les clefs de l’école » annonçait François Coux, le vice-recteur, accompagné par deux parlementaires Thani Mohamed Soilihi et Boinali Saïd Toumbou, dans sa visite du collège de M’Gombani.
A la tête de cet établissement qui fait souvent figure de référence à Mayotte (il sera pilote pour le logiciel « Pronotes », consultation des notes par internet), Richard Barbé avait su contacter les parents, « par le carnet de notes, les associations de quartier », et, fait nouveau, « 1800 sms ont été envoyés ! ». Pas mal pour un établissement de 1650 élèves !
La présentation des enjeux éducatifs précédait les échanges sur les attentes des enseignants. Les salles de classe étaient combles, les questions nombreuses… du poids des cartables au niveau réel de l’enseignement “avec trois élèves qui ne savent ni lire, ni écrire le français en 6ème”, et de l’échec scolaire qui en découle, remettant sur le tapis les classes de niveau : « ce serait restaurer une forme de colonialisme ! » pour le vice-recteur qui répondait « pédagogie différenciée ». Mais pour qu’elle se mette en place, il faut résoudre un problème de taille : « le manque de moyens humains alors que les finances sont là ».
Le recul de l’attractivité de Mayotte se mesure au manque de 1000 professeurs titulaires cette année, « et nous n’avons reçu que 80 dossiers d’emploi d’avenir professeur pour 140 attendus ».
“L’Education nationale fabrique ses propres échecs »
François Coux ne s’en cachait pas : « nous fabriquons nous mêmes l’échec des élèves en 6ème dès le primaire ! ». Pour y pallier, plusieurs leviers sont mis en place dès cette année pour le 1er degré.
L’implication des parents dans la scolarité de leurs enfants est attendue comme une clef de leur réussite scolaire, mais aussi la réaffirmation du rôle de l’adulte à la maison, et plus largement dans la société, arme de poids contre la délinquance : « vous êtes de plus en plus contestés à la maison, et la télévision, avec l’arrivée du satellite, reste en permanence allumée. Un enfant doit se détendre en rentrant de l’école, faire ses devoirs, dîner et dormir… sous peine d’être épuisé ensuite en classe ».
La déficience d’autorité se répercute sur les sorties nocturnes de très jeunes enfants, « à ce rythme, dans 10 ans, le degré d’insécurité amputera les apprentissages ».
L’absence cruciale de cantine était reprochée, « à raison » selon le vice-recteur qui glissait malgré tout que ce n’était pas une prérogative de l’Education nationale, « il y a 86000 élèves à nourrir à Mayotte ! ».
L’implication des parents passe aussi par la revalorisation de la place des associations de parents d’élèves comme la FCPE ou l’APEP, mais aussi par un effort de communication écrite, très déficient à Mayotte, des établissements vers les parents.
Il est encore trop tôt pour tirer un bilan de cette action qui a concerné l’ensemble des établissements secondaires de l’île, mais une maman d’élèves se disait très concernée : « avec mon fils, c’est moi qui entre à l’école quand je lui fais réciter ses leçons ».
A.P-L.
Le SNES FSU s’insurge contre le manque de concertation
Un communiqué envoyé par le syndicat SNES FSU de Mayotte traduit la grogne des enseignants de ne pas avoir été associés à l’organisation de cette journée. Thierry Wuilliez, le secrétaire départemental, s’interroge sur la nécessité que « tous les établissements doivent à ce point banaliser une demi-journée (…) afin d’établir une relation parents-professeurs qui est partout institutionnalisée ». Ce n’est pas le ressenti de tous les professeurs que nous avons interrogés, qui étaient demandeurs d’une telle initiative qui s’est terminée par un voulé dans un collège. « La réaction du SNES ne donne pas une bonne image du corps enseignant » se contentait de commenter François Coux.
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