Quand on a 30 ans, à Mayotte, on n’est déjà plus tout jeune. Mais quand une association a 30 ans, elle a tout simplement atteint un âge canonique ! Kinga Folk, la vénérable association culturelle de Labattoir fête son anniversaire en grande pompe. Carnaval, chants, danses, retraite au flambeau, pendant dix jours, les festivités vont rythmer la vie de Petite Terre (Voir le programme complet).
L’association a été créée en 1983 par un petit groupe de passionnés qui souhaitait promouvoir le folklore et les traditions mahoraises. Depuis, la structure a évolué et s’est ouverte à l’ensemble des communautés qui font aujourd’hui le visage de Mayotte : Mzungu, Comoriens, Africains ont rejoint les Mahorais pour défendre les cultures. Une juste évolution, quand on sait que « Kinga » veut dire «bouclier» dans plusieurs langues africaines.
« Nous sommes très fiers de cette diversité d’ethnies mais aussi d’âge, explique son président Younoussa Salim. Et notre bureau respecte strictement la parité. Autant d’hommes que de femmes. »
Dans les cours de danses traditionnelles aussi, « tout le monde est mélangé ». Hommes et femmes s’amusent ensemble avec le Mgodro (la danse typique de Mayotte avec des tambours), le Chitete (danse autour deux bambous posés au sol) ou le Malgandja (Danse sur des chants dont le rythme est donné par les mouvements des pieds). « A Kinga, on peut apprendre 23 danses différentes ! »
L’association a développé de multiples activités. Elle assure des formations et des animations auprès des plus jeunes pour qu’ils s’approprient leur culture. Ils peuvent ainsi apprendre les percussions, les chants et… le Français. Kinga Folk assure également un suivi scolaire pour accompagner les enfants du CP au CM2 dans leur apprentissage de l’écriture.
Les sons de Mayotte sur quatre continents
En 30 ans, l’association a aussi beaucoup voyagé. Kinga Folk s’enorgueillit de représenter Mayotte dans de nombreux festivals, de l’Afrique de l’Est aux Antilles, des Seychelles à Oloron-Sainte-Marie. « On a fait entendre les sons de Mayotte sur quatre continents ! » Mais l’association ne peut pas répondre à toutes les sollicitations faute de moyens. L’an dernier par exemple, elle a dû décliner l’invitation d’un festival de Budapest en Hongrie pour cause de financements insuffisants. « On va essayer de travailler avec des partenaires privés, confie Younoussa, parce qu’avec les subventions publiques, c’est souvent compliqué.» Dans les années qui viennent, l’association aimerait transporter ses artistes dans les festivals de l’Océan Pacifique.
Pour son anniversaire, Kinga ouvre grand les portes de sa «maison» qu’elle a voulue comme un petit musée des instruments de musiques traditionnels. Un gabouss (petit instrument à cordes), des foumba, dori et Msindrio (tambours), une ndzumari (longue flûte), autant de témoins de traditions musicales lointaines en voie de disparition. King Folk aimerait d’ailleurs mener à bien un projet de recherches pour connaître leur origine et mieux les faire vivre.
En attendant, tout le monde se prépare pour la fête et à gonfler ses poumons pour souffler les 30 bougies.
RR
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