Bouéni la paisible n’est plus qu’un lointain souvenir. L’insécurité, dans le sud aussi, est devenue un véritable phénomène de société. A tel point qu’un dispositif de « participation citoyenne » va être mis en place sur la commune.
Tous ensemble contre l’insécurité. Ce pourrait être le slogan de l’opération, inédite à Mayotte, que lancent les autorités pour tenter de contrer «la recrudescence des cambriolages et des faits d’incivilité». Elles vont déployer dans deux quartiers de la commune de Bouéni, un dispositif de «participation citoyenne».
La pratique est courante dans plusieurs pays et particulièrement en Grande-Bretagne et aux Etats-Unis où les villes doivent faire face à des taux de criminalité particulièrement élevés. La comparaison entre Chicago et Bouéni n’est heureusement pas d’actualité mais la méthode, déjà transposée dans plusieurs départements métropolitains, semble avoir fait ses preuves.
Il s’agit, tout simplement, « d’associer les habitants d’un ensemble résidentiel à la protection de leur environnement par une participation citoyenne ».
Des référents seront désignés pour alerter la police municipale durant la journée et la gendarmerie, le soir et la nuit, en cas d’événements suspects.
L’objectif recherché est évidemment de rassurer la population mais aussi d’améliorer la réactivité des forces de sécurité contre « la délinquance d’appropriation ». On le sait, à Mayotte, les auteurs de cambriolages pourraient être interpellés en plus grand nombre si les habitants se sentaient concernés lorsque des événements anormaux se déroulent à côté de chez eux. Depuis longtemps, la gendarmerie se plaint de ne pas être prévenue suffisamment tôt voire pas du tout lorsqu’un voisinage constate des agissements ou des bruits suspects.
“Lorsqu’on constate qu’un véhicule inhabituel reste stationné longtemps, où qu’il y a du bruit chez un voisin qui est parti, il faut que la population nous prévienne. Cela nous permet d’orienter nos patrouilles”, explique le Capitaine Milliasseau de la gendarmerie.
Chacun dans son rôle
L’initiative revient au maire de Bouéni qui a sollicité la gendarmerie pour mettre en place l’opération, alors que les problématiques sécuritaires ne sont pas encore hors de contrôle sur sa commune. Quant à la décision de créer cette « participation citoyenne », elle a été prise par le préfet, en liaison avec le procureur de la République, qui s’empresse de désamorcer une polémique qui pourrait naître : il ne s’agit « en aucun cas de générer la création de milices voulant résoudre des conflits. » Chacun doit donc rester dans son rôle, la population prévient et les forces de sécurité interviennent. L’expédition punitive menée par plusieurs habitants de Dzoumogné au début du mois (voir article) est le contre-exemple absolu de ce que souhaitent les autorités.
Selon le constat dressé par la gendarmerie, à Bouéni, «certains quartiers, lotissements ou zones pavillonnaires sont touchés par des phénomènes de délinquance multiformes (cambriolages, démarchages conduisant à des escroqueries, dégradations et incivilités diverses…) dont les causes sont aisément identifiables (isolement, niveau de richesse élevé, prédominance de personnes seules…). »
Le dispositif sera présenté à la population par le capitaine Milliasseau à la mairie de Bouéni, vendredi à partir de 15 heures.
RR
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