C’est une expression de désarroi de policiers qui se sont trouvés face à un groupe d’une centaine de jeunes, très jeunes, armés de cailloux, samedi soir à Kawéni. Une jeune dentiste en a fait les frais.
Elle était venue pour aider une population en difficulté, aggravée par le désert médical. Une jeune dentiste qui passait en voiture par Kawéni samedi vers 20h45 a été assaillie de jets de cailloux, brisant son pare-brise, ses vitres droites et gauches. Tentant de les éviter, elle donne un coup de volant qui envoie le véhicule dans un des larges fossés récemment rénovés à Kawéni. Choquée, empêtrée dans sa ceinture de sécurité, elle entend plusieurs jeunes l’assaillir, lui dérober sac à main et portable, sans se soucier de sa santé. «Elle était venue à Mayotte rendre service à une région en difficulté» rapporte le commandant de Police Christophe Gesset.
C’est une violente altercation entre deux familles voisines du quartier de Mahabouréni qui est à l’origine des troubles. A tel point que plusieurs blessés doivent être évacués par les secours. «Ils se font alors caillasser et décident de passer en force». C’est le début de violences qui perdureront jusqu’à deux heures du matin : «trois policiers ont été blessés dont un brûlé au bras et cinq automobilistes, victimes, ont décidé de porter plainte. On a retrouvé sur la banquette arrière d’une voiture un demi-parpaing» témoigne le policier.
A délinquance spécifique, mesures adaptées
Le seul élément positif est l’appel passé par des habitants du quartier aux services de secours, les prévenant d’une embuscade. Mais aucune interpellation n’a pu avoir lieu, «les enfants auteurs des faits ne vont jamais au contact de force de l’ordre». Et ils sont plus agiles que des gendarmes ou policiers engoncés dans leurs gilets pare-balle, leurs casques et leurs rangers.
Une enquête est bien sûr diligentée et permet la plupart du temps de remonter aux auteurs des faits… mais quelques semaines après. La justice a alors affaire à de très jeunes auteurs, considérés comme non justiciables. Les parents ne sont pas ou peu inquiétés, sans doute à cause de leur vulnérabilité.
D’autre part, il est interdit de placer en garde à vue des jeunes de moins de 13 ans, en dehors d’une retenue judiciaire en présence des parents, qui n’est jamais appliquée, car trop lourde. Quand, enfin, la justice va jusqu’au bout, il s’agit des cas les plus extrêmes, laissant les autres s’amplifier, et reste démunie devant l’engorgement des centres de placement.
Une solution existe si on écoute les forces de police : appliquer à Mayotte un plan Marshall comme le préconise Noussoura Soulaimana, de la CFE CGC, qui sortirait des règles conçues pour la métropole pour adapter des mesures à la situation mahoraise.
Anne Perzo-Lafond
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